Les « compétences du XXIe siècle » à l'épreuve de la psychologie cognitive… — Olivier MOTTINT

Le sempiternel refrain de l’approche par compétences (APC) est connu : dans un « monde en constante évolution », il ne s’agit surtout plus d’acquérir des « connaissances figées » qui, comme chacun sait, (1) seront « rapidement dépassées », (2) sont par ailleurs « trop nombreuses » pour qu’on puisse en acquérir une part significative, ou (3) sont de toute façon « disponibles sur internet » [1]. A en croire les promoteurs zélés de l’APC, c’est au contraire de compétences dont les élèves auront besoin pour « relever les défis de demain », dans un monde où les connaissances doivent désormais être considérées en termes de « flux » plutôt que de « stocks », selon la formule de Schleicher (s.d.). Traduction en termes économiques : ce que les grandes entreprises attendent de leur main-d’œuvre, ce sont essentiellement des compétences, car celles-ci sont censées garantir la flexibilité et l’adaptabilité des travailleurs dans une économie toujours plus concurrentielle, incertaine et versatile.

Les compétences génériques, quintessence de l’APC

Mais les compétences disciplinaires, toutes utiles soient-elles pour la guerre économique – on pense par exemple aux célèbres « compétences STEM » – ne sauraient suffire à la satisfaction du grand patronat. Pour que les élèves se muent en autant de travailleurs productifs dès leur entrée dans la vie professionnelle, il est tout aussi indispensable qu’ils aient préalablement acquis des compétences génériques, c’est-à-dire des capacités d’agir qui transcendent les disciplines scolaires et peuvent être déployées dans tous les domaines. C’est ici qu’interviennent les compétences du XXIe siècle, ces espèces de méta-compétences qui constituent le nec plus ultra en matière de soft skills. Et c’est peu dire que les employeurs sont déçus des outputs des systèmes éducatifs en la matière… Ainsi une grande enquête (PayScale, 2016) ayant recueilli les doléances de milliers de managers révèle qu’à leurs yeux, c’est justement cette capacité transversale à résoudre des problèmes et à développer une pensée critique qui fait le plus cruellement défaut aux jeunes diplômés, avant même des compétences plus techniques. En homme conséquent, Schleicher (s.d.) suggère dès lors de transformer les systèmes éducatifs de telle manière qu’ils pourvoient aux exigences de l’économie, en faisant désormais des jeunes de brillants « résolveurs de problèmes » et d’authentiques…

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Auteur: Olivier MOTTINT Le grand soir