Les crottes de poisson, piège à CO₂ saboté par la surpêche

Un poulpe entouré de neige sous-marine, cette pluie incessante de matières organiques vers les profondeurs, parmi lesquelles les excréments de poissons. – Image courtesy of the NOAA Office of Ocean Exploration and Research, Windows to the Deep 2019.

Les océans sont, au côté des végétaux, un puits de carbone majeur qui stocke le quart du CO₂ d’origine anthropique. Ce gaz carboné est en partie directement dissous dans l’eau de mer par échange avec l’atmosphère : bien compris et formalisé dans les modèles climatiques, le mécanisme est surnommé « pompe » physique. Il est réversible, l’océan étant capable de restituer le carbone piégé. En parallèle, il existe une deuxième pompe, biologique, qui met en jeu le phytoplancton mais aussi, et c’est moins connu, les poissons.

Grâce à la photosynthèse, les microalgues, cyanobactéries et autres dinoflagellés qui composent le plancton végétal captent le CO₂ atmosphérique et en fixent le carbone dans leur organisme. À leur mort, ces minuscules créatures (<1 mm) coulent au fond des océans, offrant au carbone un stockage sous forme solide, à grande profondeur, capable de durer des centaines, voire des milliers d’années.

À 450 mètres de profondeur au large des États-Unis, ce cernier commun se nourrit d’un requin entier dont les congénères dévorent au second plan le cadavre d’un espadon échoué sur le fond. Image courtesy of the NOAA Office of Ocean Exploration and Research, Windows to the Deep 2019.

Et les poissons concourent aussi à cette régulation : en se nourrissant du phytoplancton, ils ingèrent à leur tour une partie du carbone (par la respiration, ils en exhalent aussi). Le fonctionnement de la chaîne alimentaire conduit les plus petits à nourrir les autres. Mais quelle que soit leur taille, ces animaux défèquent ; et leurs excréments, riches en carbone, prennent la direction du fond beaucoup plus vite que les cadavres du plancton : de l’ordre de 1 000 mètres par 24 heures.

Avec les prélèvements opérés par la pêche industrielle, moins de poissons égale forcément moins de crottes, et donc moins de carbone stocké. Combien exactement ? C’est pour répondre au mieux à cette question qu’une équipe de géoscientifiques vient de publier ses résultats dans la revue…

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Auteur: Reporterre