Les déchets faiblement radioactifs s'accumulent sans bonne solution

[1/2 Déchets faiblement radioactifs : qu’en faire ?] Pour anticiper la saturation du Cires, seul centre français de stockage destiné aux déchets de très faible activité (TFA) radioactive, des perspectives se dessinent : créer un nouveau centre de stockage, ou valoriser les métaux TFA.


Morvilliers et La Chaise (Aube), reportage

Sous la vaste arche blanche, plusieurs big bags et quelques caisses noires sont déposés à même le sable ocre, sur une surface de 176 mètres de long sur 26 mètres de large. Le hangar modulaire baptisé Prémorail — 10 mètres de large, 15 mètres de haut — est fermé à clé, mais on peut y entrer sans protection vestimentaire particulière, sinon un gilet orange fluo à bandes réfléchissantes et un casque de chantier. Pourtant, les déchets qu’il abrite ne sont pas aussi inoffensifs qu’ils en ont l’air : ils sont radioactifs.

Nous sommes au Centre industriel de regroupement, d’entreposage et de stockage (Cires), installé sur 46 hectares à cheval sur les communes de Morvilliers et de La Chaise, dans l’Aube. Cette installation classée pour la protection de l’environnement (ICPE), gérée par l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), stocke depuis 2003 les déchets de très faible activité (TFA) radioactive.

Pour l’essentiel, il s’agit de gravats, de terre et de ferraille très faiblement contaminés, provenant des opérations de maintenance et de démantèlement des installations nucléaires. Ces rebuts représentent 31,3 % du volume total des déchets radioactifs français mais seulement 0,0001 % de leur radioactivité globale. Leur activité radioactive doit être inférieure à 100 becquerels par gramme et elle peut aussi être nulle : en France, où s’applique le principe du zonage, tous les déchets provenant de zones nucléaires sont gérés comme des déchets radioactifs, quelle que soit leur activité réelle. Fin 2019, 570 000 m3 de ces déchets avaient été produits, parmi lesquels 396 000 m3 étaient déjà stockés au Cires — dont la capacité maximale autorisée s’élève à 650 000 m3.

Des alvéoles remplies en attente de leur couverture définitive. © Anne Speltz/Reporterre

Sous surveillance pendant trente ans

Patrice Torres, directeur des opérations industrielles de l’Andra, mène la visite. À quelque distance du Prémorail, plusieurs buttes couvertes de bâches gris foncé lestées, équipées d’escaliers métalliques blancs, attendent d’être définitivement refermées. « On a creusé à…

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Auteur: Émilie Massemin (Reporterre) Reporterre