Les défis d’être une personne proche aidante en milieu rural pendant la pandémie

Une personne proche aidante (PPA) se définit comme « toute personne qui apporte un soutien à un ou à plusieurs membres de son entourage qui présentent une incapacité temporaire ou permanente de nature physique, psychologique, psychosociale ou autre, peu importe leur âge ou leur milieu de vie, avec qui elle partage un lien affectif, familial ou non ».



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La pandémie vécue depuis mars 2020 a mené les PPA à revoir leur rôle de soutien dans le respect des consignes sanitaires émises par la santé publique. Pour plusieurs, cette situation a eu pour effet d’augmenter leurs responsabilités, exacerbant de ce fait leur niveau de stress, d’anxiété, d’épuisement et de détresse.

Leurs expériences varient en fonction de la nature du diagnostic de la personne aidée, de l’accompagnement requis, de l’aide et du soutien disponibles, mais également selon leur milieu (urbain ou rural) de vie. À cet effet, des recherches suggèrent que l’accès aux services de soins est, de manière générale, moindre en région rurale qu’en région urbaine.

Membres de la Chaire interdisciplinaire sur la santé et les services sociaux pour les populations rurales à l’UQAR, nous nous sommes intéressées aux conséquences de la pandémie sur la santé physique et mentale des PPA demeurant en milieu rural et prenant soin d’une personne ayant un trouble de santé mentale, du spectre de l’autisme ou un problème lié au vieillissement. Une étude a été menée entre les mois de mars et août 2021, principalement dans quatre régions du Québec, auprès de 68 PPA et 14 acteurs communautaires (intervenants et directeurs d’organismes).

Les principales variables d’intérêt étaient la santé globale des PPA, les changements de responsabilités occasionnés par la pandémie et le statut rural-urbain. Il existe plusieurs définitions de la « ruralité » en recherche sur la santé. Deux principaux éléments de définition ont été retenus ici, soit la densité de la population (moins de 100 000 habitants) et le code postal.

Détresse chez les PPA qui demeurent en milieu rural

61,8 % des PPA et 92,8 % des acteurs communautaires considèrent que la pandémie a moyennement ou énormément fragilisé la santé globale des PPA.

Les PPA estiment, dans une proportion de 61,8 %, que la pandémie a affecté leur santé physique et psychologique. Depuis le début de la crise sanitaire, 35,5 % d’entre eux révèlent avoir vécu des symptômes s’apparentant à la dépression (tristesse, irritabilité, difficultés de concentration, découragement, sentiment d’inutilité) ou à l’anxiété (incertitude, peur de l’inconnu, sentiment de perte de contrôle).

Par ailleurs, 76,9 % des acteurs communautaires croient que la pandémie a engendré une grande détresse émotionnelle chez les PPA, particulièrement chez celles devant prodiguer des soins soutenus (en continu et sur du long terme), à un membre de leur entourage.

Les PPA qui rapportent avoir éprouvé une plus grande détresse psychologique indiquent aussi avoir ressenti davantage de symptômes physiques (courbatures, tensions musculaires, maux de tête, troubles digestifs). Celles qui prennent soin d’une personne présentant une autonomie fonctionnelle et un état de santé relativement stable ont été moins affectées par la crise.

Certaines ont pu conserver un soutien familial, social ou professionnel :

Je parle au téléphone avec ma mère à tous les jours. J’ai aussi 4 sœurs, dont une qui s’implique beaucoup. Je sais que je peux l’appeler jour et nuit si j’ai besoin de quelque chose. Elle est vraiment touchée par ma situation et je sais que si j’ai besoin de quelque chose, je peux compter sur elle.

D’autres ont pu maintenir ou adopter de saines habitudes de vie, leur permettant ainsi d’évacuer plus facilement leur stress et se changer les idées :

Depuis le mois de mars, je me suis mise à faire de l’exercice, 1h de marche dehors, puis du tapis roulant, à peu près 30 minutes par jour et c’est très sain pour mon psychologique.

Portrait de la situation

Un échantillon de 68 PPA, soit 56 femmes et 12 hommes, provenant de différentes régions du Québec,…

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Auteur: Marie-Hélène Morin, Professeure travail social, Université du Québec à Rimouski (UQAR)