Les dégâts d'une « opération » très spéciale

Monument ensablé de Petro Sahaidachnyi à Kiev cc0 Maksym Tymchyk

Après ces quatre premiers mois de guerre, on peine toujours à comprendre comment le président russe, à la tête d’un des plus grands pays de la planète, d’un État sophistiqué, reposant sur de plantureux services de renseignement dont il est lui-même issu, a pu se persuader de partir dans cette aventure et prétendre qu’il y avait matière en Ukraine à la « dénazification » et à empêcher un « génocide ». Et comment on a pu rêver à Moscou qu’un pays qu’on s’acharne à détruire militairement puisse en venir à aimer un jour son bourreau …

Tout dépend bien sûr de la ligne que l’on adopte, mais la liste des retombées plutôt négatives ou franchement dramatiques de ce coup de dés poutinien semble sans fin. Dans beaucoup de domaines, ce n’est pas seulement le recul, la déconvenue : c’est le gâchis, le désastre, l’inverse de ce qui était annoncé ou même souhaité… En voici un florilège, que chacun et chacune pourra éventuellement compléter — ou critiquer — selon ses inclinations.

Retour de « l’Occident » à l’ancienne…

Lire aussi Martine Bulard &

Hélène Richard, « L’aubaine ukrainienne », « L’OTAN. Jusqu’où, jusqu’à quand ? », Manière de voir n˚183, juin-juillet 2022.

• Avec l’invasion de l’Ukraine, Vladimir Poutine a réussi à réveiller l’Alliance transatlantique, qu’Emmanuel Macron, en 2019 — sur fond de bisbilles avec une Turquie toujours ambivalente — promettait à une « mort cérébrale », et que Donald Trump songeait tout simplement à déserter ;
• finalement, le numéro un russe a contribué à ramener les Américains dans le jeu européen, alors que ces derniers souhaitaient y être de moins en moins impliqués ;
• le patron du Kremlin voulait moins d’OTAN ; il en a récolté plus : « L’OTAN reste l’alliance la plus puissante de l’Histoire », claironne le communiqué final du sommet de Madrid, le 1er juillet dernier ;
• mieux encore : « l’opération spéciale » a eu pour effet de réunifier la trentaine d’États-membres de l’Organisation, auparavant tiraillés entre ouest et est, désormais traumatisés et contraints d’emboîter le pas au « parrain » américain.

… Et d’une forme de « guerre froide »

Lire aussi Philippe Descamps, « La neutralité, une arme pour la paix », Le Monde diplomatique, avril 2022.

• C’est aussi le…

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Auteur: Philippe Leymarie