Les deux Annie

En février dernier, Annie Le Brun venait nous parler d’esthétique critique, de communisme des ténèbres, et de ces « réserves monstrueuses de beauté » dans lesquelles puiser pour « se garder de reculer et de subir ». En octobre 2022, Annie Ernaux recevait le prix Nobel de littérature. Une investiture qui déclenchait les commentaires les plus médiocres du parti de la réaction autant que les félicitations d’Emmanuel Macron : « sa voix est celle de la liberté des femmes et des oubliés du siècle »

Un prénom, deux ambiances. Pour l’écrivain Patrick Autréaux, l’annonce de l’attribution du prix et le « foin médiatique » qui s’en est suivi fut l’occasion, passée la colère, d’une mise à jour analytique, sous la forme d’une comparaison. D’un côté, il y a donc une auteure en fin de carrière que l’on récompense pour concéder à un certain nombre d’exigences « sociétales », un processus d’institutionnalisation qui achève l’assimilation d’une pensée, et donc l’achève tout court, et de l’autre, il y a une écriture de la fuite, travaillée par des paysages d’abîmes et un désir d’infini. Patrick Autréaux nous parle donc ce lundi de deux Annie, de notoriété, de littérature, et d’intransigeance.

L’événement, titrait un grand quotidien. En référence à un livre d’Annie Ernaux sur un avortement clandestin. Événement de la première Française à obtenir le Nobel de littérature. Événement d’une écrivaine transfuge de classe, parvenue à l’un des sommets de la reconnaissance littéraire. Événement porté par le temps présent et lui répondant.

Lorsque j’ai appris cette nouvelle, je me promenais dans la rue avec un jeune ami poète. SMS et messages de réseaux sociaux ont titillé son téléphone, il a regardé parce que ça fusait. Et il a dit : Putain, Ernaux Nobel. Par lui venait l’excitation de la sphère littéraire et au-delà, aussitôt, le grand émoi et ce qui…

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Auteur: dev