Les deux Maroc

Il y a deux Maroc. Le séisme d’une magnitude de près de 7 sur l’échelle de Richter qui vient de frapper ce pays du Maghreb, faisant plus de 2 800 morts, démontre à quel point une fracture immense les sépare. Car il y a le Maroc des villes. Celui qui ressemble un peu à l’Occident mais avec cette touche exotique qui attire les touristes du monde entier, les investisseurs, les grandes fortunes et les stars. Celui de Marrakech, fait de strass et de paillettes, où l’on fait la fête, où se mêlent les villas de luxe avec piscine et service de maison, les riads chics perdus dans les dédales de ruelles pittoresques qui donnent l’impression à tous de vivre au cœur du pays traditionnel. Ce Marrakech-là est celui d’un décor de cinéma permanent. Une illusion qui cache mal l’autre Maroc. Ce Maroc des villages escarpés dans des montagnes rudes. Celui de l’extrême pauvreté d’un pays qui choisit ses villes et délaisse ses villages.

Aucune route de bitume ne conduit au village de mon père. La seule route du coin passe dans la vallée voisine.

Le village de mon père est dans l’une de ces zones reculées. Situé aux portes du désert, plus au sud encore que la région touchée par le séisme. Il a d’ailleurs été épargné. Il serait, sinon, dans la même situation que ceux qui attendent encore de l’aide, plus de 48 heures après la catastrophe, alors que c’est là que l’on dénombre le plus de victimes. Comme toujours : les plus pauvres sont les plus touchés. Double peine ! Aucune route de bitume ne conduit au village de mon père. La seule route du coin passe dans la vallée voisine. Les anciens racontent que sa construction a commencé en prévision d’une visite de Hassan II dans la région et a été abandonnée quand celui-ci aurait finalement décidé de ne pas s’y rendre. Ils disent que ce sont eux qui ont terminé la route, dans l’espoir fou de se rapprocher du monde….

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Auteur: Nadia Sweeny