« Les drags sont le révélateur d'une précarité du milieu LGBT »

Deux jours avant Noël, dans un petit restaurant parisien, Jeffrey Scary monte sur scène. Un espace pas plus large que deux personnes, surplombé d’un néon arc-en-ciel. Cheveux tirés en arrière et teints en gris, une cicatrice lui barre l’œil. Il brandit son épée, montre ses muscles, enlève sa chemise pour révéler un harnais de cuir noir. Le public se limite à quelques personnes et aux employées du restaurant. Mais peu importe, il se produit comme s’il faisait face à une foule.

Jeffrey est drag king, c’est-à-dire qu’il performe le genre masculin, via son personnage. Ce vendredi, c’est la première fois qu’il performe dans ce restaurant habitué des soirées drag queen.

Il est d’ailleurs le premier « king » à y jouer. Mais, avant, Jeffrey a passé la journée au travail. En ce moment, il est employé dans un marché de Noël. « Je fais deux journées en une. C’est la folie. Mais ce soir, j’ai bien dit au travail que quoi qu’il arrive, je partais à 19h45, j’avais le show ! », glisse-t-il, juste avant d’aller se préparer au sous-sol.

À découvert de 300 euros

Le personnage de Jeffrey King est né lors d’un atelier drag king en 2014. « Je ne suis pas le plus ancien drag king, mais je suis le plus vieux », rit l’artiste de 65 ans. Deux ans après, il monte le premier cabaret drag king de la capitale, « Drag my king », qu’il organise seul. Malgré ses shows qui font souvent salle comble, Jeffrey est loin de pouvoir vivre de son activité de drag.

Il met un point d’honneur à payer ses artistes, « au moins 100 euros », précise-t-il, quitte à s’endetter personnellement pour que tout le monde touche son pécule. « Une fois, un show n’a pas bien marché du tout, on a eu plein de difficultés, alors j’ai dû avancer 300 euros de ma poche. J’ai mis longtemps avant de refaire un cabaret, parce que 300 euros, c’est beaucoup pour moi. »

Le cabaret « Drag my King »

Jeffrey…

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Auteur: Emma Bougerol