Chaque année, la rémunération des grands patrons des entreprises françaises suscite de vives réactions. L’annonce récente de l’augmentation du salaire du PDG du groupe automobile Stellantis, Carlos Tavares, n’y a pas échappé.
Quels seraient donc les niveaux appropriés de disparité des salaires ? Celles-ci s’accroissent dans les grandes entreprises des pays développés si l’on en croit un rapport publié l’an dernier par Oxfam. Pour les uns, plus elle est importante, plus elle maintient un certain niveau d’effort des salariés et contribue à une plus grande productivité des organisations. Pour les autres, une forte disparité des salaires génère un sentiment d’injustice qui va nuire à la coopération et saper la motivation des individus.
Gagnants d’un tournoi ?
Ces deux points de vue s’opposent dans la littérature académique. La théorie du tournoi, popularisée en particulier par l’économiste américain Edward Lazear, est fréquemment mobilisée pour expliquer qu’une plus grande dispersion des salaires est associée à une meilleure performance. Cette approche suggère que les écarts de rémunération vont inciter les individus à faire des efforts pour obtenir une promotion et le gain salarial associé.
En outre, une plus grande dispersion des salaires pourrait indirectement permettre une sélection de la main-d’œuvre : les « gagnants » du tournoi auront davantage tendance à rester dans l’organisation afin de concourir pour un salaire plus élevé, tandis que les « perdants » décideront de quitter l’organisation pour tenter leur chance ailleurs. Les écarts de rémunération permettraient ainsi de « filtrer » les meilleurs éléments en ne retenant que les plus motivés.
Alexander Migl/Wikimedia
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Auteur: Patrice Laroche, Professeur des Universités en sciences de gestion, Université de Lorraine