Corinne Morel Darleux est conseillère régionale en Auvergne — Rhône-Alpes et a publié Plutôt couler en beauté plutôt que flotter sans grâce.
Ça fait maintenant plus d’un an, après nous être éloignés de la ville, qu’on vit avec les chevreuils ici. Qu’on les guette et les attend. La première fois, c’était au début de l’été dernier, on venait de s’installer avec un verre dehors pour un apéro bien mérité. J’ai beau vivre dans ce petit coin de la Drôme depuis douze ans, j’ai eu l’impression d’un tour de magie, d’un cadeau. Ils étaient deux jeunes, sortis du bois qui surmonte la colline devant la maison. Depuis, je garde toujours un œil dans cette direction et régulièrement, après un frémissement annonciateur à la lisière des arbres, ils étaient là. Un matin frisquet, dans la brume qui montait du champ, j’ai même vu une mère avec deux petits s’élancer d’un bond pour franchir le petit canal. Je les ai suivis du regard jusqu’aux vignes dans lesquelles ils ont serpenté en sautillant jusqu’à disparaître plus loin, vers le sommet. Ça m’a fait ma journée.
La semaine dernière, c’est un renard roux, pour la première fois, qui a fait son apparition. Au début, j’ai cru que c’était le chat qui s’était éloigné, je ne le distinguais pas clairement, mais quand la silhouette est sortie des hautes herbes, il n’y avait plus de doute possible. C’était à peine plus gros (oui, mon chat n’est pas fluet) mais surtout avec une queue incroyable. Son pelage roux flamboyait au soleil. Il n’avait pas l’air aux aguets, plutôt peinard, à bondir les pattes en avant pour choper les rongeurs comme les renards polaires qui piquent le nez le premier dans la neige. Je l’ai observé, m’étonnant qu’il reste si longtemps à découvert. En définitive, j’ai passé deux heures collée là, à le regarder en souriant bêtement. C’était mon premier sourire de ce
Auteur: Corinne Morel Darleux Reporterre
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