Les écrivains face à Vichy

Comment se sont comportés les écrivains face à l’occupation allemande et au régime de Vichy ? Alain Parrau revient méthodiquement sur une dizaine de figures littéraires, d’André Gide à Céline en passant par Claudel, Giraudoux, Brasillach, pour montrer, citations à l’appui, comment ils furent plus ou moins proches ou admiratifs de Hitler, Pétain et Vichy. « Ce qui est en jeu ici, à travers le rappel des hésitations, des ambiguïtés et des compromissions de nombreux écrivains face au régime de Vichy, c’est la question du fascisme et de la responsabilité intellectuelle et morale des écrivains face à un régime qui affiche clairement son ambition de détruire les conditions mêmes de toute pensée libre. »

« En 1917, j’ai mis fin aux mutineries. En 1940, j’ai mis un terme à la déroute. Aujourd’hui, c’est vous-même que je veux sauver »
Philippe Pétain

Ce qui est en jeu ici, à travers le rappel des hésitations, des ambiguïtés et des compromissions de nombreux écrivains face au régime de Vichy, c’est la question du fascisme et de la responsabilité intellectuelle et morale des écrivains face à un régime qui affiche clairement son ambition de détruire les conditions mêmes de toute pensée libre. Il importe, pour comprendre le parcours parfois accablant de certains des plus grands noms de la littérature française de l’entre-deux-guerres, de le replacer dans le contexte plus large de la véritable imprégnation fasciste d’une partie des élites françaises (intellectuelles, culturelles, sociales et économiques), imprégnation qui explique la faillite de ces élites au temps de Vichy. Le nouveau régime n’émerge pas en effet à partir d’un vide idéologique : tous les principes qui fondent sa politique sont inscrits, pour l’essentiel, dans le programme du nationalisme des années 1890, celui de la Terre et les Morts (titre de l’ouvrage de Maurice Barrès paru en 1899). Au XXe siècle, cette tradition est loin d’être marginale, elle a au contraire une influence considérable sur l’évolution des mentalités, et constituera le cœur de la Révolution nationale de Vichy. Il faut relire ici les analyses de l’historien Zeev Sternhell dans son ouvrage fondateur, Ni droite ni gauche, l’idéologie fasciste en France, publié en 1983 :

« Le fascisme était un phénomène de civilisation et la France n’y a pas échappé. Non seulement la France participait de cette crise de civilisation, crise de la modernité, qui a engendré le fascisme, mais elle en était le grand…

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Auteur: lundimatin