« Les effectifs des gardes forestiers sont taillés à la hache »

On a appris le 18 juin que l’Office national des forêts (ONF), l’établissement qui gère les forêts publiques françaises, allait supprimer 475 postes dans les prochaines années. Les syndicats fustigent « une privatisation rampante ». Avec des conséquences multiples : manque de moyens pour protéger les forêts à l’heure du changement climatique, dégradation des conditions de travail, perte de sens. Reporterre fait le point avec Philippe Canal, porte-parole du Snupfen Solidaires, le syndicat majoritaire des gardes forestiers.


Reporterre — Comment réagissez-vous à l’annonce de la suppression de 475 postes ?

Philippe Canal — Très mal, mais il n’y a malheureusement aucune surprise, on s’y attendait. Ce plan s’inscrit dans les logiques néolibérales qui sous-tendent la gestion de l’ONF depuis des décennies. Les gardes forestiers disparaissent, les effectifs sont taillés à la hache. Depuis vingt ans, l’Office a perdu plus de 5 000 emplois, soit près de 4 postes sur 10. Nous étions 13 000 en 2000, nous ne sommes plus que 8 000. Depuis trois ans, la direction a arrêté de recruter des fonctionnaires et préfère passer par des contractuels de droit privé, qui coûtent moins cher, mais ne peuvent effectuer des missions de police et donc protéger aussi efficacement la forêt. En bref, on remet en cause nos statuts et on nous enlève des moyens financiers et humains pour exercer nos missions.

Le dernier quinquennat sous Emmanuel Macron a été terrible, même si les gouvernements précédents n’ont pas fait mieux. En cinq ans, on a perdu plus d’un millier d’emplois. Rien qu’en 2019, 400 postes ont été supprimés. On a également appris cette année que la direction souhaitait vendre la moitié des maisons forestières en France. Si les forestiers n’habitent plus en forêt, comment feront-ils pour la surveiller et la protéger au plus près ?

Philippe Canal, à droite, lors d’une mobilisation à Épinal (Vosges) en juin 2019. © DR

Le gouvernement justifie cette politique en expliquant que l’ONF est en déficit…

Nous récusons ces termes et ce langage qui vient tout droit du monde de l’entreprise. L’ONF n’est pas en déficit, il est en manque criant de financements, c’est différent ! Le vocabulaire que l’on utilise a un sens. Un service public existe parce qu’il répond à des missions d’intérêt général qui nécessitent des investissements sur le long terme ; il n’a pas pour but premier d’être rentable. L’ONF a un rôle de protection et de police…

La suite est à lire sur: reporterre.net
Auteur: Gaspard d’Allens (Reporterre) Reporterre