​​Les élections législatives : dernier rempart contre la casse sociale

Face à l’alternative entre néolibéralisme autoritaire et l’extrême-droite qui se présente aujourd’hui à nous, l’horizon politique paraît d’autant plus sombre que la crise climatique est amorcée, et que la précarité s’est aggravée. L’élection présidentielle française résonne comme le choix ultime de ce que sera notre vie politique pour les cinq années à venir, et la défaite des alternatives écologistes et humanistes à ce scrutin paraît aujourd’hui totale. Pourtant, ce sentiment d’avoir raté notre dernière chance pour mettre ces projets au pouvoir repose sur un implicite selon lequel le ou la Président.e de la République détient automatiquement tous les pouvoirs de l’État. C’est une fausse conception : le pouvoir d’introduire, de censurer et de changer les lois appartient aux 577 députés du Parlement. Contre le défaitisme post-présidentielles, la génération qui a priorisé la justice écologique et sociale peut donc encore changer le cours des choses – à condition qu’elle s’empare de cette institution dévoyée de sa fonction ces cinq dernières années.

Le mandat 2017-2022 d’Emmanuel Macron a été marqué par un affaiblissement du pouvoir régulateur de l’Assemblée Nationale. L’emportant à la majorité absolue lors des législatives de 2017, cette dernière était rapidement devenue une « chambre d’enregistrement » au cours de son mandat. 

Cette tendance, que nous avons documenté, s’est nettement aggravée au cœur de la pandémie, lorsque le président a déclaré un « état d’urgence sanitaire ». Ce projet de loi court-circuitait plusieurs garde-fous, dont le débat parlementaire.

Ce dévoiement entêté du rôle de l’Assemblée par LREM se rattache à une tradition politique antiparlementaire qui nous provient directement du rédacteur de la constitution de 1958 : De Gaulle.

La possibilité, maintes fois saisie ces dernières années, de faire usage d’ordonnances ou de l’article 49-3 pour désarmer le contrôle parlementaire est l’indicateur concret de cet antiparlementarisme constitutionnel. 

Mais au-delà de la forme, il faut dire que le gouvernement LREM n’a pas cessé d’incarner une indifférence têtue aux résistances démocratiques, faisant passer des lois sécuritaires et liberticides malgré l’indignation populaire que cherchaient à faire entendre certains députés d’opposition au sein-même de l’Hémicycle. 

Entre 2017 et 2022, nous recensons dans cet article, puis dans celui-là, la liste des…

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Auteur: Pierre Boccon-Gibod