Les ESAT, un modèle de travail ségrégué des personnes handicapées en rupture avec le droit international

Cet article de Lili Guigueno est essentiel pour comprendre les discriminations structurelles que subissent au quotidien les personnes handicapées. Il analyse avec beaucoup de précision les conditions d’exploitation qui sont une véritable norme dans les ESAT, les « établissements et services d’aide par le travail ». De ce fait, la France est en totale contradiction avec le droit international.

C’est une illustration terrible et flagrante du validisme propre à nos sociétés, avec la complicité directe de l’État et des associations gestionnaires : le validisme, comme système d’oppression et de discrimination qui fait de la personne valide la norme sociale. Notre revue entend participer activement à le documenter et à s’inscrire, ce faisant, dans la lutte antivalidiste.

***

Le 14 décembre dernier était publié au Journal officiel le décret n°2022-1561[1] relatif au parcours professionnel et aux droits des travailleurs et travailleuses handicapéEs admisEs en ESAT, les établissements et services d’aide par le travail. Malgré le narratif déployé par le gouvernement pour insister sur les nouveaux droits accordés aux travailleurs et travailleuses handicapéEs en ESAT, ce décret laisse en réalité intacte la discrimination de fond qui exclut, structurellement, politiquement et socialement, depuis plus de 60 ans, les travailleurs et travailleuses handicapéEs en ESAT du droit du travail. 

Contrairement à ce qu’a pu affirmer le Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH), instance de parti-pris accaparée par les associations gestionnaires, qui saluait dans ce décret une « avancée » permettant de se rapprocher des recommandations de l’ONU, il n’en est rien. Ce décret n’est qu’un leurre, il n’entraine aucun renversement ni changement de paradigme concernant le travail des personnes handicapées, à l’opposé des éléments de langage sur la nouvelle « fluidité des parcours », la prétendue « ouverture » des ESAT et leur « transformation » diffusés seulement pour légitimer et banaliser le travail ségrégué des personnes handicapées, tel qu’il est qualifié par l’ONU, afin de préserver le modèle des ESAT. Il ne s’agit là que d’une diversion sommaire qui s’inscrit dans le cadre d’une stratégie générale d’évitement menée par le gouvernement pour se soustraire à ses obligations devant le droit international en matière de droits des personnes handicapées.

Pourtant, les recommandations de l’ONU concernant la désinstitutionnalisation, renforcées…

La suite est à lire sur: www.contretemps.eu
Auteur: redaction