Cet article fait mention de violences sexuelles.
Basta! : De plus en plus de pays européens introduisent la notion de consentement dans la définition pénale du viol. Qu’en pensez-vous ?
Manon Garcia : Je suis partagée. D’un côté, ce changement ne me paraissait pas nécessaire. D’un autre côté, je pense que c’est vraiment bien qu’il soit établi clairement dans la loi qu’il y a un devoir des partenaires sexuels de s’assurer du consentement de l’autre. En France, le Conseil d’État a validé ce point en mars 2025, dans l’avis qu’il a rendu concernant la proposition de loi de redéfinition du viol : si une affaire arrive devant la justice, il faut qu’il soit clair pour tout le monde que ce que l’on évalue, ce n’est pas ce qu’a fait ou non la victime, mais bien la manière dont l’agresseur présumé a pris soin – ou non – de s’assurer de son consentement. On peut donc dire que ces révisions du Code pénal vont dans le bon sens.
Mais je conserve néanmoins une hésitation sur le fond du fait d’une mise en parallèle implicite du sexe et du viol. Le viol, ce serait du sexe sans consentement. Mais le sexe et le viol sont deux choses différentes. Et c’est un problème que certains hommes puissent penser que c’est pareil. Le viol, c’est quelque chose que quelqu’un fait à quelqu’un d’autre et le sexe c’est quelque chose que l’on fait ensemble. Mais on vit dans une société où l’on continue à penser que le sexe, c’est quelque chose que les hommes font aux femmes.
Lors du procès de Mazan, certains hommes ont dit qu’ils avaient violé Gisèle Pelicot parce qu’ils ne pouvaient pas coucher avec leur femme… Il faut quand même que l’on se pose la question de savoir pourquoi socialement on pense que le viol peut être un bon remplacement du sexe. Normalement, ce sont deux expériences qui n’ont rien à voir.
Certaines juristes et…
Auteur: Manon Legrand, Nolwenn Weiler, Sabine Panet, Véronique Laurent