Les femmes toujours fortement pénalisées : pourquoi les inégalités face à la retraite ne se réduisent pas

Pour les femmes, la retraite est un révélateur d’inégalités. Une femme retraitée de plus de 65 ans touchait en 2019 en moyenne 981 euros de pensions de droit direct (hors pension de réversion, perçue par les conjointes de retraités décédés). Pour les hommes, c’est 1600 euros. Soit 40 % d’écart entre femmes et hommes retraités. 40 % !

Derrière ce chiffre, c’est la question des différences de salaires entre hommes et femmes qui se pose. « En France, le système par répartition relie les pensions de retraite au système de cotisations salariales. Et tant qu’il y aura un écart salarial, il y aura un écart des pensions », résume Monika Queisser, cheffe de la division des politiques sociales à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

22 % de salaire en moins

Or, en France, le revenu salarial des femmes reste en moyenne de 22 % inférieur à celui des hommes, selon les chiffres de l’Insee. Ces inégalités s’accroissent avec l’arrivée d’enfants. « Les inégalités de salaire en [équivalent temps plein] s’accroissent fortement avec le nombre d’enfants, écrivait l’Insee en 2020. Pour les parents de trois enfants, le salaire des femmes est inférieur de 31 % à celui des hommes, contre 7 % d’écart pour les personnes sans enfant.

Pourtant, en 1972 déjà, une loi a posé en France le principe de l’égalité de rémunération entre hommes et femmes, « pour un même travail ou un travail de valeur égale ». En 2018, une nouvelle loi a mis en place un outil d’évaluation pour mesurer et corriger les différences de rémunération dans les entreprises.

« C’est un outil très critiquable, car il est facile à manipuler », observe l’économiste Vanessa di Paola, maîtresse de conférence à l’université d’Aix-Marseille. Les phénomènes de ségrégation horizontale, c’est-à-dire de surreprésentation genrée dans certaines professions, ne sont pas du tout pris en compte ni le temps partiel. En affichant les salaires en équivalent temps plein, les entreprises invisibilisent les temps partiels. Et de l’autre côté, elles n’incluent pas les heures supplémentaires, qui profitent plus aux hommes. Artificiellement, on a l’impression que les écarts sont moindres », ajoute la chercheuse.

80 % des temps partiels sont des femmes

Or, beaucoup plus de femmes que d’hommes sont à temps partiel. En 2019, 80 % des salarié·es à temps partiel en France étaient des femmes. Seulement 7 % des hommes travaillent à temps partiel, contre 28 %…

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Auteur: Maÿlis Dudouet