« Les fermes collectives répondent à la crise de l'agriculture »

[Série 4/4] Vous lisez le dernier article de l’enquête « L’agriculture bio dans la tourmente ».


Maëla Naël a écrit un guide des fermes collectives. Après avoir accompagné pendant quatre ans les installations agricoles en Île-de-France au sein du réseau Abiosol, elle est partie à la rencontre de groupes de paysans et paysannes à travers la France. Elle s’est depuis installée dans le Morbihan, avec d’autres. Elle vit sur une ferme de 80 hectares, qui produit du fromage de vache et de brebis, des légumes et du pain.




Reporterre — De plus en plus de paysannes et paysans s’installent à plusieurs. L’agriculture collective connaît un joli succès. Est-ce un phénomène nouveau ?

Maëla Naël — L’agriculture a toujours été collective – à l’échelle familiale, villageoise… Ce n’est que récemment qu’elle s’est individualisée, entraînant tout un lot de problèmes. Le maraîcher qui galère à tout faire tout seul, l’éleveur criblé de dettes… Le renouveau de l’agriculture collective vient répondre à ces enjeux de l’isolement, de la résilience économique, d’un équilibre travail/vie personnelle. Ce mode d’organisation suscite notamment un intérêt parmi les néopaysans, celles et ceux qui s’installent mais qui ne sont pas issus du monde agricole.

Après, tout dépend de ce qu’on nomme “ferme collective”. Les groupements agricoles d’exploitation en commun (Gaec) existent depuis les années 1960 pour favoriser les associations entre agriculteurs – mais dans les faits, ce sont souvent des couples ou des fratries qui travaillent ensemble. Pour moi, une ferme collective implique au moins trois personnes, pas de la même famille, avec :

  • une diversité de productions – élevage, céréales, maraîchage ;
  • une recherche de complémentarité entre les activités – le petit lait de la fromagerie qui nourrit un élevage de cochons par exemple ;
  • et une horizontalité entre les membres.

Ces fermes de taille moyenne — quelques dizaines d’hectares — diversifiées tant par les activités que par leurs membres ne sont pas nombreuses : une centaine peut-être en France. Mais ce modèle me semble très intéressant et porteur de solutions pour l’avenir.

Aujourd’hui, beaucoup de personnes qui veulent s’installer s’imaginent maraîchers, sur de petites surfaces, en autonomie. Or des dizaines de milliers de fermes sont à reprendre à travers la France, et ce sont pour la plupart des fermes de taille moyenne, en polyculture élevage, souvent capitalisées, avec du matériel et des bâtiments qui élèvent le coût d’achat. Les fermes collectives sont une réponse à ce besoin massif de reprises. Et aussi, pour avoir un modèle agroécologique, le groupe est une…

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Auteur: Lorène Lavocat Reporterre