Travaillé par l’atmosphère, et plus spécifiquement par les débats qui ont animé les dîners de réveillon de France et de Navarre autour de la personne de Gérard Depardieu, je me suis demandé pour la première fois, avec tout le sérieux que cela suppose – je le confesse honteusement –, quelle pouvait être la part culturelle, stéréotypique, « construite », dans les caractères et les rapports des hommes et des femmes, outre les différences physiques que l’on contestera difficilement, à moins de s’être fait nettoyer le cerveau par les idéologues. Dans quelle mesure cette part culturelle est-elle véritablement écrasante, ou non ? Se poser une question en écoutant ceux qui ont un point de vue différent du sien demeurant une excellente méthode pour qui cherche la vérité, ainsi que nous le martelaient nos professeurs de philosophie – catégoriques sur ce point –, je me suis tourné vers ma bibliothèque.
Et songeant qu’en pareil domaine c’était probablement le point de vue féminin qui me faisait le plus défaut, j’ai choisi deux livres écrits par des femmes. L’une, quoiqu’elle ait toujours refusé cette étiquette, est devenue une icône du féminisme, Virginia Woolf. L’autre, Emma Cline, romancière américaine de trois ans ma cadette, se définit elle-même comme féministe. J’ai une vénération pour la première, et avais beaucoup aimé le premier roman de la deuxième, The Girls. Évidemment, je n’ai pas trouvé dans ces livres de réponse certaine à ma grande question, mais ils m’ont permis de voir plus clairement des réalités que la fureur des débats offusque fréquemment, voire conteste.
Déconstruire la féminité, ou pas
Dans The Girls, malgré un récit au décor bien contextualisé et aux personnages extrêmes – il s’agit d’une aventure hippie trash, inspirée de celle de la secte Manson, à la fin des années 1960 –, Emma Cline donne la parole des décennies plus…
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Auteur: Jean de Saint-Cheron