Vous lisez la seconde partie de notre enquête sur les pesticides dans les fleurs. La première est ici.
« Il est important de garder du recul face aux informations relayées », expliquait le courriel reçu par des milliers de fleuristes le 15 octobre dernier. « À ce titre, nous vous invitons à ne pas vous exprimer devant les médias pour éviter toute mauvaise interprétation de la part des journalistes. » Il est signé Pascal Mutel, président de l’Union nationale des fleuristes (UNF).
Cet appel au silence a été envoyé six jours après l’audience, à Rennes, du procès intenté par les parents d’Emmy Marivain, fillette de 11 ans décédée d’un cancer. Sa maman, fleuriste, avait manipulé de nombreuses fleurs contaminées par des pesticides pendant sa grossesse.
« Nous voulons rappeler que cette situation concerne pour l’instant un cas isolé, continue le président de l’UNF. À ce jour, il n’existe aucune étude scientifique formelle prouvant un lien direct et systématique entre notre métier et de tels risques pour la santé. »
« Tressaillement collectif »
L’organisation patronale craint-elle un emballement ? Son message a en tout cas suscité un « tressaillement collectif », dit Nina, fleuriste parisienne de 29 ans, qui a choisi de contacter Reporterre.
Si aucune étude n’établit actuellement un lien direct entre manipulation de fleurs coupées et cancers, les soupçons grandissent. Surtout depuis la décision de la Fédération d’indemnisation des victimes de pesticides (FIVP), qui a estimé que le cancer d’Emmy était bien en lien avec le métier de sa mère.
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Aujourd’hui, personne ne met en doute la présence, dans les fleurs coupées, de substances toxiques — dont certaines interdites d’usage en Europe. Khaoula Toumi, docteure en agronomie à l’université de Liège, l’a démontré en 2016 et 2017…
Auteur: Fabienne Loiseau