Nous userons de ce titre autant de fois qu’il le faudra. Condamnés à s’entendre : non pas par confort ou nostalgie, mais par nécessité politique. Parce qu’il sonne juste. Parce qu’il dit l’urgence. À l’heure où les gauches françaises s’écharpent sur l’Europe, l’international, la laïcité, l’écologie, la police, les retraites ou le travail, nous avons choisi de ne pas esquiver les désaccords. Ce dossier en dresse le tableau : sept lignes de fracture, sept débats majeurs, parfois explosifs. Le constat est rude, parfois décourageant. Mais rien d’irrémédiable.
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Oui, il y a des divergences. Réelles, profondes, parfois inconciliables. Il y a aujourd’hui deux gauches qui cohabitent plus qu’elles ne se côtoient. D’un côté, une gauche radicale, ancrée dans la critique du capitalisme, qui revendique une transformation en profondeur des structures sociales, économiques et politiques. Elle refuse les compromis, jugés synonymes de renoncements, assume la conflictualité comme moteur du changement, et porte une vision de rupture face à un ordre qu’elle juge injuste et épuisé.
De l’autre, une gauche sociale-démocrate, en reconstruction, qui cherche à réinventer un réformisme à la hauteur des urgences contemporaines. Elle défend le dialogue social, les équilibres institutionnels, et s’ouvre à des compromis qu’elle estime nécessaires pour gouverner et faire progresser concrètement les droits. L’une vise le basculement, l’autre l’aménagement. Mais toutes deux se revendiquent de la justice sociale et de l’écologie, et plaident pour la refonte de nos règles du jeu institutionnel.
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Auteur: Pierre Jacquemain