Les grandes questions que nous pose la Chine — Élisabeth MARTENS

Hier soir, j’étais invitée à un spaghetti bolo chez une amie. Autour de la table nous étions six, dont une journaliste de la RTBF et un plombier philosophe. Un tablée très sympathique. La discussion allait bon train, passant de la recette des spéculoos de bonne-maman, à la manière d’amadouer un âne récalcitrant, aux prérogatives de construction d’une annexe et les exigences urbanistiques du namurois. Fin de soirée, la discussion s’est accrochée aux dangers menaçant notre planète à cause du réchauffement climatique. Comme un nuage ne décollant plus de son sommet alpin, elle nous a mené au bord d’un gouffre d’angoisses partagés par les convives. Cela m’a inspiré.

Les paradis perdus

Nombreux sont ceux qui sont atteints de la nostalgie du « bon vieux temps », un temps révolu, regretté. Pour les uns, il remonte à la fin du XIXe siècle, quand les découvertes scientifiques ornaient les volutes de l’art nouveau de leurs progrès techniques ; électricité, lumière, photons, l’histoire des télécom démarrait. Pour d’autres, la nostalgie se reporte à l’époque « entre-deux-guerres » quand le facteur apportait le courrier à vélo passant d’un village à l’autre, que la carriole de lait poussait sa petite chanson clopin-clopant sur les pavés mouillés et que les matins s’éveillaient au chant du coq. D’autres, plus modérés, se contentent des Golden sixties, quand le monde sortait des marasmes de l’après-guerre, que la reconstruction était terminée et qu’on pouvait souffler. L’époque des Beatles et des hippies fut aussi celle du baby-boom et de la new way of life, le début d’une consommation effrénée.

Mais tout cela appartient désormais au passé. De même que 70% des espèces animales sauvages de notre planète qu’on ne verra plus. Sur les routes, il n’y plus de panneaux indiquant qu’il faut faire attention au passage des grenouilles, il n’y a plus de salamandres noires et jaunes qui font leur réunion dans ma cour les soirs d’été, il n’y a plus de chouettes qui hululent quand je m’endors, il n’y a plus de papillons monarques qui viennent butiner les lupins. D’ailleurs, il n’y a plus de lupins. Et c’est sans parler des forêts, qu’elles soient wallonnes, bourguignonnes ou transylvaines, elles sont malades. Les arbres sont écorchés vifs, leur sève bave le long des troncs, leurs moignons amputés se dressent vers le ciel. Les cadavres s’alignent comme une armée de légionnaires impuissants.

Pire, quand on demande aux jeunes en âge de procréer : « et…

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Auteur: Élisabeth MARTENS Le grand soir