« Les Heures heureuses », le temps retrouvé

Pascal Quignard poursuit l’édification de son « Dernier Royaume ». Cette série de volumes inaugurée avec Les Ombres errantes (1), qui reçut en son temps le prix Goncourt, est fondée sur deux principes. Le premier impose que l’œuvre soit « océanique », c’est-à-dire que l’auteur puisse s’y perdre ; le second est le caractère imprévisible du texte, autant pour l’auteur que pour celle ou celui qui le lit. Pascal Quignard en est aujourd’hui à son douzième tome – désormais chez Albin Michel. Chaque livre, qui ne s’inscrit dans aucun des genres répertoriés (roman, récit, essai…), tourne autour d’un motif. Il y eut l’amour, le fait de penser, la littérature… Ici, c’est le temps, plus précisément l’heure, que l’auteur a associée à son homophone, « heur ». D’où le titre : Les Heures heureuses.

Un motif n’est pas un thème propice à la dissertation. Lire ce livre revient à pérégriner sur l’échelle du temps, qui, toutefois, ramène souvent l’auteur à son cher XVIIe siècle ou à ses propres souvenirs. On avance par associations, par résonances plus ou moins lointaines, par accident de sens, par harmonie des sons (la musique est toujours importante) et des sentiments. On parle beaucoup d’érudition à propos de Pascal Quignard. Ce n’est pas faux. Celui-ci nous entretient de François de Nomé, dit « Desiderio », ou de Charles de Saint-­Évremond. Mais Les Heures heureuses ne transmet pas du savoir. En jaillissent des fulgurances. Ces traits de lumière éclairent des mystères que nous subodorions. Illuminent des questions que nous n’osions pas nous poser.

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Auteur: Christophe Kantcheff