Les inégalités sociales plomblent la vaccination anti-Covid

Il y a ce couple avec un bébé, sans voiture, dans un petit village des Pyrénées dépourvu de centre de vaccination. Cette personne sans domicile, qui n’a ni smartphone ni carte Vitale. Cette famille guyanaise, qui vit à deux jours de pirogue du bourg le plus proche. Toutes celles et ceux qui maîtrisent mal le français ou n’ont pas accès à Internet. Les exemples s’accumulent de personnes que la campagne de vaccination contre le Covid-19 a laissées au bord de la route et que le passe sanitaire risque d’exclure davantage.

Depuis le 21 juillet, ce passe est obligatoire dans tous les lieux de loisirs et de culture rassemblant plus de cinquante personnes : salles de spectacle, parcs d’attractions, festivals, salles de sport, cinémas. À partir du 1er août, il le sera également dans les cafés, restaurants, hôpitaux, maisons de retraite, établissements médico-sociaux, ainsi que pour les trajets longue distance en avion, train et car. Justifiées par la crise sanitaire, ces mesures « comportent le risque d’être à la fois plus dures pour les publics précaires et d’engendrer ou accroître de nouvelles inégalités », a alerté la Défenseure des droits, Claire Hédon, dans un avis publié le 20 juillet. Une crainte relayée par de nombreuses associations et résumée par le géographe Sébastien Leroux : « Emmanuel Macron a symboliquement donné le droit aux personnes âgées et aisées à aller au cinéma et au café et l’a refusé aux jeunes adultes des classes populaires. »

« La carte du décrochage vaccinal est un quasi-décalque de la carte des inégalités socioéconomiques »

Car nous ne sommes pas tous égaux dans l’accès à la vaccination. Les données de l’Assurance maladie révèlent d’abord de fortes différences entre départements : au 11 juillet, 40,7 % des Français avaient reçu les deux doses requises pour décrocher le fameux sésame ; mais ils n’étaient que 30 % en Seine-Saint-Denis, 12,2 % en Martinique et 9,5 % à Mayotte. « Force est de constater que la carte du décrochage vaccinal est aujourd’hui un quasi-décalque de la carte des inégalités socioéconomiques », soulignait le président (socialiste) du conseil départemental de Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, dans un entretien au journal Le Monde. Outre les disparités territoriales, l’accès au vaccin diffère selon les catégories professionnelles : « Parmi les soignants, les taux de vaccination des aides-soignantes et infirmières sont ainsi moins élevés que ceux des médecins », notait la…

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Auteur: Émilie Massemin (Reporterre), Lorène Lavocat (Reporterre) Reporterre