Les jardins flottants de Mexico menacés par l'urbanisation

Mexico, reportage

Les 180 kilomètres de canaux de Xochimilco sont le poumon de la capitale. Il y a bien des manières de traduire ce nom du nahuatl, l’une des langues du Mexique. L’agricultrice Gabriela Morales choisit « champs fleuris » car « Xochimilco a d’abord une tradition floricultrice. C’est pour ça que les embarcations traditionnelles sont ornées de fleurs ». Sa barque est modeste et c’est à coups de rame — pratique qu’elle a fièrement appris sur le tas et qu’elle enseigne désormais à d’autres femmes — que Gabriela se rend à sa parcelle.

À une vingtaine de kilomètres du centre de Mexico, le bassin de Xochimilco constitue la dernière zone humide d’importance de la capitale. Plus de 150 espèces de plantes y sont recensées et ces canaux sont le refuge de dizaines d’espèces d’oiseaux et d’animaux aquatiques, dont certains endémiques. Mais le tourisme et l’urbanisation galopante qui gagne le sud de la mégalopole détériorent la qualité de l’eau et menacent un équilibre complexe. Ces espaces représentent les derniers vestiges de l’ensemble de lacs sur lequel a été construit l’actuelle capitale. Un territoire inhospitalier que l’humain a domestiqué en créant des îlots artificiels et en pratiquant l’agriculture.

Tous les matins, Gabriela Morales affronte la brume pour rejoindre sa chinampa, un système de parcelles quasi-flottantes créées par les aztèques au XIVe siècle. « On présente souvent les chinampas comme des îles flottantes. C’était le cas à l’origine mais aujourd’hui, la terre est reliée au fond lacustre grâce à ces arbres, les ahuehuetes. »

En sortant de sa barque, l’agricultrice de 35 ans cache difficilement son émerveillement : « C’est comme un compost géant. On récupère cette boue riche en nutriments pour démarrer de nouvelles cultures », explique-t-elle en montrant un parterre quadrillé de jeunes pousses. Cette même boue vient ensuite consolider la structure de la chinampa.

La zone humide de Xochimilco est inscrite depuis 1987 au patrimoine culturel de l’humanité de l’Unesco, qui reconnaît entre autres l’ingéniosité des méthodes agricoles traditionnelles. Si le demi-hectare de terrain de Gabriela se montre généreux, c’est parce qu’elle a appris à le domestiquer. Biologiste de formation, elle a surtout été sensibilisée à la culture chinampera par sa famille.

« L’arrêt des cultures, c’est la fin des chinampas »

La tradition agricole de Xochimilco se perd avec l’arrivée de nouveaux acteurs : « On voit trop souvent des étrangers racheter des parcelles, alerte la chinampera, la plupart n’arrivent pas à cultiver alors ils développent des projets touristiques. » Selon les dernières…

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Auteur: Reporterre