Les Jeux olympiques de 2024 suffiront-ils à donner le goût du sport aux jeunes ?

Le Président du Comité international olympique, Thomas Bach, estime que les Jeux olympiques et paralympiques (JOP) de Paris « laisseront un héritage durable et sportif au-delà de 2024 ». « Nous voulons utiliser ces années avant les Jeux pour développer la place du sport… La finalité c’est de faire bouger les Français », ajoute Tony Estanguet, président du Comité d’Organisation.

Cependant, l’organisation des Jeux n’est pas une condition suffisante pour favoriser l’engagement de la population d’un pays dans les activités physiques et sportives. Après les Jeux de Londres, en 2012, une revue de littérature notait que les preuves en ce sens sont faibles.



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Dans une autre revue, analysant les articles autour des répercussions des Jeux olympiques de 2000 à 2018, les chercheurs vont plus loin. D’abord, ils notent que la « plupart des études n’ont pas trouvé de preuves d’effets à long terme sur l’activité physique lors de l’accueil de méga-événements sportifs ». D’autre part que, lorsque des effets sur l’activité physique sont observés, ils sont principalement de court terme ou limités géographiquement. Enfin, ils constatent qu’une seule étude a montré des effets positifs à long terme concernant un méga-événement sportif. Il s’agissait des Jeux olympiques de Tokyo de 1964.

Compter sur un effet boule de neige provoqué par la simple organisation des JO reste donc très aléatoire.

Pour favoriser l’héritage des Jeux de Paris 2024, différentes initiatives ont été prises. Deux sont particulièrement mises en avant. La première est de généraliser à la rentrée scolaire 2022 le dispositif « 30 minutes d’activité physique quotidienne à l’école ». L’ambition est, précise l’Éducation nationale, d’amener les enfants à « se dépenser d’avantage et lutter contre la sédentarité ».

La deuxième mesure, « le Pass’sport », est, comme mentionné sur le site du ministère des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques, une aide « à la pratique sportive de 50 euros par enfant pour financer tout ou partie de son inscription dans une structure sportive » et faciliter l’accès des publics les plus éloignés à ces activités.

Des impacts à discuter

La première mesure néglige les aspects motivationnels à l’origine de la pratique d’une activité physique chez les jeunes. Une récente publication montre que les actions se fondant sur des objectifs utilitaires, motivées par des contraintes extérieures, n’incitent pas les jeunes à continuer l’activité promue en dehors du cadre qui la contraint. La simple mise en mouvement du corps, l’ambition d’améliorer sa condition physique n’entraînent pas la pratique du sport dans la durée.

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Pour envisager que la pratique physique se consolide dans le temps, il est nécessaire d’avoir des connaissances précises sur les liens qui l’associent à l’amélioration de la santé. Ce n’est pas encore le cas des enfants qui fréquentent les écoles primaires, pour lesquels cette mesure est envisagée.

En proposant un dispositif ayant pour objectif central l’amélioration de la santé, les politiques risquent d’obtenir l’effet inverse de celui escompté. Il apparaît plus pertinent de s’appuyer sur des leviers plus émotionnels, en lien avec une satisfaction personnelle et une forte signification comme relever des défis, améliorer des performances ou se mesurer aux autres.

Les leviers émotionnels, comme le fait de faire partie d’un groupe, de se mesurer aux autres, jouent dans la motivation à pratiquer un sport.
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Concernant le dispositif d’aide financière, les intentions sont louables, mais l’efficacité potentielle d’une mesure de ce type est à relativiser. Depuis 2009, l’État de Saxe distribue des bons pour faciliter l’adhésion des jeunes à des clubs sportifs. Une enquête publiée en 2022 par un groupe d’économistes montre que la mesure n’a pas eu d’effets significatifs à court ou à long terme.

En effet, les raisons à l’origine d’une…

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Auteur: Maxime Travert, Professeur des universités en STAPS, les jeunes, les sports, une approche sociologique, Aix-Marseille Université (AMU)