Les jours d'après

Après deux ans de pandémie, de tout et surtout de n’importe quoi, nous étions nombreux à nous dire qu’il fallait impérativement nous retrouver. Pour penser, mettre à plat ou en relief nos expériences, nous défaire de nos crispations, mettre en jeu nos certitudes. Nous avions donc convenu de ce rendez-vous, le 20 mars à La Parole Errante à Montreuil, pour reprendre pied et pourquoi pas repartir à l’assaut. Entretemps, nous sommes passés d’une crise à une autre, du Covid à la Russie, de la guerre au virus à une possible nouvelle guerre mondiale. L’urgence à laquelle nous nous accoutumons a ceci de remarquable : elle nous accule à chaque fois à l’impuissance et au commentaire. C’est déjà-là qu’il faut rompre. Au risque d’être à contretemps, il nous faut faire le pari du contre-pied. Il nous faut commencer à faire le bilan de ce que nous avons vécu ces deux dernières années. Ceci est une invitation, il y aura même un programme.

Contaminer ou être contaminé. Se confiner, s’enfermer soi-même. Fuir le contact. Remplir des attestations, s’autoriser, sortir son passe, sanitaire puis vaccinal. Se faire tester-tracer-isoler. S’entendre dire « couvre-feu », « nous sommes en guerre ». Voir l’ennemi surgir dans un toussotement. Se calfeutrer entre ce que l’on nous dit à la télé et ce qui se dit sur internet. Démêler, douter, zigzaguer, vriller.

Un nouveau régime d’urgence s’est dévoilé sous la menace d’un virus comme de son instrumentalisation par le pouvoir.
Des certitudes crispées et souvent creuses, des analyses et du décryptage à gogo, des centaines de milliers d’articles, des milliards d’heures passées derrière nos écrans… Nous voilà noyés dans le détestable, un flux de discours qui n’ont prise sur rien, des paroles et des pensées qui tournent en boucle et à vide. Nous voilà pris dans les pièges sémantiques du pouvoir. Nous voilà coupés de nos actions et de nos désirs, stupéfaits, isolés parfois, déboussolés.
Ce monde dans lequel nous devons vivre, dans lequel commence si bien l’année 2022, n’a jamais été aussi étouffant, aussi opaque, aussi incompréhensible. Ce monde nous l’appelons la catastrophe.

La fin annoncée du passe sanitaire signe peut-être la disparition de la Pandémie dans ce que l’on nomme l’actualité. Elle reste néanmoins ancrée dans nos corps, nos gestes et nos mémoires. On sait d’ailleurs que le coronavirus pourrait n’être que le premier avatar d’une longue série de fléaux du même acabit. Et le modèle de gouvernementalité qu’il a imposé, la passivité…

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Auteur: lundimatin