Les lampadaires à LED font disparaître les étoiles

Sous l’effet de la pollution lumineuse croissante, les étoiles se dérobent à notre regard. Un enfant né sous un ciel parsemé de 250 étoiles n’en verra plus qu’une centaine à ses 18 ans. C’est la conclusion d’une étude publiée le 20 janvier dans la revue Science. On y apprend que luminosité diffuse nocturne (« skyglow ») liée aux sources de lumières artificielles augmente de 10 % par an. En cause : le recours massif aux LED pour l’éclairage public. Contre-intuitif ? Plus écolos, elles sont donc davantage utilisées et, finalement, augmentent la lumière au sol.

Cette hausse mesurée à la surface terrestre est bien plus alarmante que celle mesurée par satellite, qui s’élève à environ 2 % par an. Pour arriver à ces résultats, Christopher Kyba, chercheur au Centre GFZ de recherche de géophysique à Potsdam en Allemagne — connu pour ces travaux sur la mesure de la pollution lumineuse — a choisi de croiser deux approches. En complément de la technologie spatiale habituellement utilisée, lui et ses collègues ont eu recours à des observations à l’œil nu grâce au programme de sciences citoyennes Globe at Night.

Un décalage entre les observations humaines et satellitaires

Entre 2011 et 2022, les chercheurs ont recensé 51 351 observations. Chaque contributeur à la plateforme était invité à regarder le ciel étoilé au-dessus de chez lui et à l’identifier parmi les huit cartes proposées en ligne qui déclinent les étoiles visibles sous des ciels plus ou moins lumineux. Le décalage entre les observations humaines et celles des satellites s’explique d’abord par la différence entre la lumière qui traverse l’atmosphère et celle que nous observons à la surface de la Terre.

« La lumière bleue est la pire »

Deuxième explication : les capteurs satellitaires — qui n’ont pas été conçus pour étudier la pollution lumineuse — ont un défaut de sensibilité pour les longueurs d’onde du bleu. Or, depuis une dizaine d’années, les collectivités ont un recours massif aux diodes LED dans les éclairages publics et en particulier les LED bleues — les plus économes. « La lumière bleue est la pire du point de vue de la pollution lumineuse, elle a un pouvoir de diffusion bien supérieur aux autres longueurs d’onde, seize fois plus que le rouge », explique à Reporterre Matthieu Renaud, du laboratoire Univers et particules de Montpellier.

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Troisième explication : le fameux effet rebond souvent cité dans les fausses bonnes solutions environnementales. Sous prétexte que les LED sont plus économes et qu’elles émettent moins de lumière vers l’espace, elles sont…

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Auteur: Magali Reinert Reporterre