Les logements insalubres pourrissent la vie des étudiants

Orsay (Essonne), reportage

Il n’y a pas un bruit dans la résidence étudiante La Pacaterie à Orsay, à 30 kilomètres au sud-ouest de Paris, où logent pourtant plus de 300 étudiants. La lumière criarde des ampoules se reflète sur le sol gris en béton ciré. Là, le long d’un corridor, un cafard s’engouffre dans une chambre. C’est dans ce décor que, chaque semaine, Roméo, membre du Syndicat des étudiants, lycéens et apprentis (Séla) rend visite aux jeunes, dans leurs chambres vétustes et mal isolées.

Il y a Mou, 28 ans, étudiant en recherche clinique après des études de médecine. Il vit loin de sa famille, installée en Algérie. Sans garant, il a eu énormément de mal à se loger. « Même cette chambre était hyper difficile à obtenir », raconte-t-il. Après deux mois de recherche, il a fini par atterrir dans ces 9 m2, où il empile des épices, des œufs, du pain et des pommes sur une petite commode. Au sol, se trouvent des casseroles et un tajine. L’humidité ambiante le force à ouvrir la fenêtre quasiment en permanence. « Depuis que je suis ici, l’asthme de mon enfance est revenu », déplore-t-il, en continuant la visite. Dans les sanitaires de son étage, il n’y a aucune fenêtre, le plafond est couvert de moisissure et la peinture se décolle des murs.

Des tâches noires tapissent aussi les murs de son voisin, Abdoulaye, étudiant en mathématiques et physique à la Sorbonne. « J’ai essayé de nettoyer mais à chaque fois ça revient », dit le jeune homme de 21 ans, résigné. Un étage plus haut, Léa, 25 ans, est exténuée. « La vie dans cet endroit est désastreuse pour la santé mentale », dit-elle en posant la main sur sa tête. « Une fois, un camarade avait laissé sa soupière ouverte dans la cuisine et quand il est revenu, il a trouvé des cafards dedans », dit l’étudiante en M2 Automatique, qui porte un bonnet en permanence, malgré le chauffage. Chancine, non loin de là, vit au milieu de ces petites bestioles, et lutte comme elle peut avec ses bouteilles d’insecticide. « Quand la nuit tombe, je peux les sentir qui marchent sur moi », raconte la jeune Congolaise, 21 ans.

« La vie dans cet endroit est désastreuse pour la santé mentale »

Comment, en France, des étudiants peuvent-ils vivre dans pareils taudis ? Reporterre a contacté le ministère de l’Éducation, qui reconnaît que « localement, une situation anormale a été constatée ». « Nous avons toute confiance dans les équipes du Crous pour apporter une solution aux étudiants le plus rapidement possible », ajoute le ministère.

Auprès de Reporterre, Louis Buyssens, directeur de cabinet au Crous de Versailles se justifie : comme le marché locatif étudiant sur le campus…

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Auteur: Elisa Kautzky Reporterre