Cyrille Cormier est ingénieur, spécialiste des politiques climatiques et énergétiques et auteur de Climat, la démission permanente (éd. Utopia, 2020). Il a aussi été le responsable des campagnes climat et énergie de Greenpeace.
Reporterre — Que pensez-vous du projet de loi Climat et résilience, discuté ces jours-ci à l’Assemblée nationale ?
Cyrille Cormier— Elle aborde des thématiques intéressantes, mais pour l’instant, la plupart des articles n’apportent aucune ambition nouvelle, ne renforcent pas l’action à court terme. Tout cela est très léger.
Par exemple, le texte dit que l’on va interdire la location des passoires thermiques, mais seulement à partir de 2028. Pour la vente des voitures à essence et diesel, l’objectif d’interdiction reste à 2040, sans qu’une accélération soit envisagée. L’abandon des avantages fiscaux sur le diesel, l’introduction d’une taxe sur les billets d’avion sont renvoyés à plus tard et surtout conditionnés à un retour à une situation économique meilleure. Dans l’ensemble, il manque des engagements concrets précis, pour dans six mois, un an, deux ans. C’est la principale critique.
L’autre problème, c’est que ce texte ne permet même pas d’atteindre l’ambition de 40 % de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) en 2030 par rapport à 1990, alors même que l’Union européenne souhaiterait le rehausser à 55 %. C’est pourtant la quatrième loi du mandat consacrée au climat. Et ce qui est prévu pour les dix prochaines années ne permet toujours pas d’atteindre les objectifs climatiques !
Comment cette loi s’inscrit-elle dans la lignée des politiques climatiques menées jusqu’ici ?
J’ai recensé les lois structurantes depuis le début du siècle sur la question du climat. Avant Emmanuel Macron, il y en a eu quatre. Une sous Chirac (loi Pope).
Macron double le score : il a fait la loi Énergie et Climat), la loi LOM sur la mobilité, la loi économie circulaire, et maintenant le projet de loi Climat et résilience. Ces quatre lois couvrent un périmètre à peu près équivalent aux lois Grenelle et à celle de transition énergétique.
Aujourd’hui, on va atteindre huit lois structurantes sur le climat, sur environ 2.000 lois adoptées depuis le début du mandat de Chirac. Ce sont toutes des lois tardives, qui sont arrivées après la moitié des mandats présidentiels. Et ce sont des lois qui n’ont jamais été complètement mises en œuvre. Soit car les décrets ne sont pas signés — une partie des décrets…
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Auteur: Marie Astier (Reporterre) Reporterre