Les lois de la physique rendent la sobriété inévitable

Louis Delannoy est doctorant-chercheur à l’Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique (Inria), où il étudie la question des risques systémiques dans un monde complexe. Au sein de l’équipe Steep, il s’intéresse avec Pierre-Yves Longaretti et Emmanuel Prados, coauteurs de cette tribune, à l’importance des ressources fossiles dans notre système socioéconomique.


L’articulation croissante des dégradations écologiques et sociales a mis en évidence les failles du courant économique dominant. Afin d’informer sur la façon dont ces crises sont interconnectées et proposer des leviers d’action, une école de pensée économique a pris de l’ampleur : l’économie écologique. Celle-ci estime que l’économie résulte principalement des interactions qu’ont les êtres humains avec leur environnement et ses diverses composantes biophysiques. Dans cette approche, un indicateur est fondamental, mais reste peu connu du grand public : le taux de retour énergétique (TRE, ou EROI en anglais).

Afin de bien le comprendre, il est nécessaire de rappeler que l’Homme ne produit pas d’énergie, il l’extrait de la nature, puis la transforme pour ses propres usages. Pour y arriver, il lui est nécessaire d’en consommer une quantité initiale, par exemple pour fabriquer un panneau solaire ou une éolienne. Le ratio entre énergie produite et celle mobilisée pour la production est nommé taux de retour énergétique.

Un TRE supérieur à 1 signifie que le sous-système étudié (un puits de pétrole, un panneau solaire, etc.) est producteur net d’énergie. Un sous-système avec un TRE inférieur à 1 en consomme plus qu’il n’en produit. De tels sous-systèmes peuvent quand même être localement ou temporairement utiles lorsqu’ils ont des propriétés intéressantes (pour convertir une énergie spécifique par exemple), mais notre système de production énergétique a besoin d’avoir dans sa globalité un TRE important (de 5 à 11) pour permettre le maintien d’une prospérité matérielle élevée.

L’industrie des combustibles fossiles (pétrole, gaz, charbon) consomme de l’énergie pour sonder, creuser, pomper, etc. les ressources de notre sous-sol. Comme nous y avons beaucoup recours et que l’Homme a tendance à utiliser en priorité les ressources les plus faciles à exploiter, leur TRE diminue.

Forage offshore, en Écosse. Piqsels/CC

Deux exemples illustrent ce phénomène : les records de forages offshore ne cessent d’être battus (de 1 000 mètres en 1994 à plus de…

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Auteur: Reporterre