Les mal inscrits sans le vouloir favorisent la droite

Montpellier (Hérault), reportage

Devant la maison de quartier, des enfants s’amusent autour d’un graffiti inscrit sur le trottoir. Une question, peinte au pochoir : « Êtes-vous bien inscrit.es sur les listes électorales ? » À deux mois du premier tour de l’élection présidentielle, le 10 avril 2022, un autre compte à rebours s’est engagé : il reste à peine quinze jours, jusqu’au 4 mars, pour s’enregistrer dans un bureau de vote.

À Montpellier, les taux d’abstention ne cessent de croître. Deux électeurs sur trois ont boudé les urnes lors du second tour des régionales l’an dernier ; idem lors des municipales de 2020. Pour Emmanuelle Chaize, du collectif Nous sommes, soutien de Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise), la défiance pour la politique n’explique pas tout. « La ville compte énormément d’étudiants, qui déménagent beaucoup, et elle accueille chaque année des milliers de nouveaux habitants, dit-elle. Beaucoup d’entre eux restent inscrits dans leur ancienne résidence et ne pensent pas, ou ne parviennent pas, à se réinscrire sur les listes électorales. »

Le collectif Nous sommes a investi le terrain : tournée dans les facs, affichages et pochoirs dans les rues, clips vidéos… © David Richard/Reporterre

C’est ce qu’on appelle la « mal-inscription », un phénomène massif, l’un des premiers vecteurs d’abstention chez les jeunes. Des chercheurs en sciences politiques ont ainsi établi qu’il y avait, en 2017, 7,6 millions de personnes inscrites ailleurs que là où elles habitaient. Or plus vous êtes éloigné de votre bureau de vote, moins vous avez de chance de vous y rendre — les experts ont montré qu’être inscrit dans une autre région que dans celle dans laquelle on vit augmentait de près de 12 points le risque d’abstention. Lors du dernier scrutin présidentiel, le 23 avril 2017, quelque dix millions de citoyennes et citoyens ne se sont pas rendus dans les isoloirs. Dont un très grand nombre — inquantifiable précisément — de mal-inscrits.

Contre cette « abstention involontaire », le collectif Nous sommes a investi le terrain : tournée dans les facs, affichages et pochoirs dans les rues, clips vidéos… « La politique, ça change nos vies. Il faut que chacun, chacune puisse s’exprimer, dit Alenka Doulain, membre du collectif et conseillère municipale. L’inscription sur les listes électorales est un enjeu démocratique essentiel. Pourtant, les élus en place ne font rien. À croire que l’abstention les arrange. »

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Auteur: Lorène Lavocat (Reporterre) Reporterre