Les manifestations contre le passe sanitaire : un non-mouvement ?

Les manifestations contre le passe sanitaire qui se tiennent depuis 7 semaines et qui sont parvenues à traverser l’habituel désert estival ont quelque chose d’exceptionnel. Certains y voient l’émergence d’un mouvement de colère spontané à la physionomie proche de celui des Gilets Jaunes, d’autres l’émergence d’une base populaire confusioniste pour un mouvement proto-fasciste. Dans tous les cas, il y a là quelque chose d’inédit et de disparate selon les villes, voire les cortèges (à Paris le 28 août, 4 manifestations distinctes ont eu lieu) qu’il s’agit de comprendre. Nous publions ici cette analyse de nos amis de Temps Critiques que nous ne sommes pas certains de partager mais qui a le grand mérite de prolonger la discussion.

Comme pour le mouvement des Gilets jaunes le choix du samedi n’est pas anodin ; il est en rupture avec la tradition syndicale et ouvrière des manifestations sur le temps de travail. Mais ce qui est en jeu cette fois ce n’est pas la « question sociale », mais pas non plus une question sociétale. On est bien obligé de reconnaître dans cette protestation une sorte d’objet non identifié. Partons de cela.

Relevons d’abord la forte diversité géographique et sociologique des manifestants. Des urbains en provenance des grandes villes, des « rurbains » des périphéries et aussi des habitants de petites villes et alentours, comme le montrent les dizaines et dizaines de manifestations dans toute la France. Diversité d’âge, de sexe et de milieu social malgré la tendance des médias à prouver que les manifestations se recrutent plutôt dans les milieux les moins éduqués si ce n’est les plus défavorisés. Cette diversité s’exprime concrètement dans le fait que, parmi les manifestants on ne trouve pas seulement et principalement des non-vaccinés hostiles au vaccin contre le Covid et a fortiori contre les vaccins en général, mais des personnes vaccinées hostiles au passe sanitaire y compris quand, pour des raisons pragmatiques, elles en sont pourvues.

Cette diversité de composantes et de motivations fait que l’opposition frontale au passe sanitaire constitue la seule dimension unitaire de ces manifestants, dont une bonne partie a réagi individuellement vis-à-vis des mesures gouvernementales de gestion de la crise sanitaire et n’a pas de tradition de lutte sociale. À ce propos, on pourrait parler de l’agrégation d’une colère individuelle sans potentialité politique évidente ou immédiate même si l’opposition à Macron la cristallise.

Tandis…

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Auteur: lundimatin