Comme nous l’avons évoqué dans nos éditions précédentes, la grève de la faim du militant Dimitris Koufontinas a suscité de très vifs débats et une forte mobilisation d’une partie de la société grecque. Nous avons demandé au sociologue Michalis Lianos de nous éclairer sur le rôle que joue encore aujourd’hui la possibilité ou du moins le symbole de la lutte armée en Grèce.
Le soutien important à Dimitris Koufontinas
La grève de la faim de Dimitris Koufontinas rend visibles les lignes de faille politiques de la société grecque. Que le sort d’un homme coupable de 13 assassinats et d’une longue série d’actions violentes provoque d’importantes manifestations et suscite un débat médiatique et social massif peut apparaître incompréhensible en dehors de la Grèce. D’autant que ces manifestations surgissent à la suite d’une revendication ’’mineure”, à savoir le transfert d’une prison du centre du pays vers une prison d’Athènes.
Tout cela peut apparaître tout aussi surprenant que les t-shirts à l’effigie de Koufontinas qui se vendaient dans le centre-ville d’Athènes au moment du procès du groupe « 17 novembre » en 2003 ; ou encore qu’après chaque action du groupe entre 1975 et 2002, la presse à grand tirage se ruait pour publier les communiqués du groupe, que les exemplaires s’arrachaient immédiatement, nécessitant parfois une seconde édition pour satisfaire la demande du public.
Le rapport qu’entretient la société grecque à la violence politique ne peut se comprendre qu’à la lumière de la guerre civile qui a suivi l’occupation allemande. Aucune pensée depuis, de gauche ou de droite, n’a échappé à sa surdétermination par ce conflit armé, profondément idéologique, dont les perdants n’ont cessé d’être persécutés qu’en 1974, après la chute de la dictature des colonels. La perception même de la guerre civile en tant que conflit politique et non pas en tant que « guerre nationale contre des bandits », n’a commencé à émerger officiellement qu’en 1981, avec l’arrivée du PASOK au pouvoir. Tous les baby-boomers grecs, dont Koufontinas, sont des enfants et des petits enfants de ces générations qui ont témoigné, participé ou souffert, directement ou indirectement, de la guerre civile. Exemple typique, Koufontinas lui-même, a milité au PASOK avant de comprendre que ce parti ne se consacrait pas aux idéaux désintéressés d’un communisme de plus en plus libertaire qui représentait l’esprit indomptable et altruiste des…
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Auteur: lundimatin