Les « militaro » relèvent la tête

Tico Rodríguez, « Los pilares de la tierra » (les pilliers de la terre), collection de balles avec notamment du 9mm Parabellum (du latin « prépare la guerre »), 2012.

Depuis la guerre en Ukraine, la France et l’Europe — qui avaient eu tendance à baisser la garde, au moins jusqu’en 2015 — savent qu’elles en ont fini pour un moment avec l’époque bénie des « dividendes de la paix ». Elles s’attendent, de manière générale, à vivre des conflits plus durs et étendus, dits à « haute intensité », après des décennies l’arme au pied, sur le théâtre européen, ou de combat asymétrique et limité, comme en Afrique. Finies les « armées bonsaï », selon les mots du spécialiste des questions de défense François Heisbourg… expression reprise notamment, ces dernières semaines par Eric Zemmour, un des candidats d’extrême droite à l’élection présidentielle française. Un cycle trentenaire se termine. L’heure est désormais à « l’extension du domaine de la lutte », en plus fort, plus lourd, plus létal.

Lire aussi Marc Endeweld, « Les paris diplomatiques perdus du président Macron », Le Monde diplomatique, avril 2022.

L’électrochoc subi ces dernières semaines devrait conduire la plupart de ces pays à remodeler tout ou partie de leur système de défense : c’est ce que préconisaient , sur un mode d’ailleurs plutôt « soft », les députés Patricia Mirallès (LRM) et Jean-Louis Thiériot (LR), dans un rapport sur les moyens dont disposent les armées françaises pour faire face à un conflit dit de « haute intensité » — texte déposé sur le bureau de l’Assemblée nationale le 17 février dernier, quelques jours seulement avant l’entrée des troupes russes en Ukraine.

« Le meilleur moyen d’éviter la guerre est de s’y préparer », se justifient classiquement les rapporteurs de cette mission d’information : les nations européennes sont aux prises de plus en plus avec un « risque de déclassement stratégique » ; et en cas de guerre conventionnelle de grande ampleur, l’armée française — qui souffre de nombreuses « lacunes capacitaires » — n’aurait ni la masse, ni la force de frappe, ni la « résilience » suffisantes pour tenir sur la durée.

Un diagnostic que partagent la plupart des experts, notamment Michel Goya, ancien colonel des troupes de marine, aujourd’hui analyste et historien : les armées en France font preuve de réactivité, avec des unités aguerries, très…

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Auteur: Philippe Leymarie