Les mots choisis du ministre de l’Intérieur pour une stratégie très politique

Les propos du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin sur la création de cellules « antizad » pour début septembre 2023 ou sur l’appel à dissoudre le mouvement Les Soulèvements de la Terre illustrent une stratégie classique pour ceux qui occupent la place Beauvau.

Depuis Nicolas Sarkozy – pour ne parler que du XXIe siècle –, le ministère de l’Intérieur est considéré comme un tremplin menant aux plus hautes fonctions de la République. L’image de maintien de l’ordre et de protection attachée à ce poste répond aux désirs des citoyens en manque de sécurité.

Grande est alors la tentation de faire monter en puissance ce thème de l’insécurité, surtout lorsque l’on se sent en faiblesse sur d’autres thèmes, à l’image de la stratégie élaborée par Jacques Chirac face à Lionel Jospin en 2001-2002, avec les résultats que l’on connaît. Or, les présentations fondées sur des travaux de long terme sur le sujet sont souvent balayées par des discours démagogiques et parfois simplistes qui tordent les faits pour mieux mettre en scène les qualités supposées du ministre et de ses troupes.

Une rhétorique sécuritaire peu fondée mais politiquement efficace

Faut-il pour autant se désintéresser de ces paroles ? Les exemples étrangers de leaders a priori fantaisistes ou ridicules mais néanmoins élus par la suite montrent que, même si on les considère comme irrationnels, les arguments ou les constructions liées à la sécurité peuvent toucher des électeurs.

Lorsque de surcroît ces discours s’ancrent dans des figures redondantes du passé, cela leur confère une légitimité accrue, quel que soit leur degré de cohérence et de réalisme. Il est alors intéressant de regarder comment des dirigeants politiques s’enferment dans une rhétorique passéiste sur la sécurité et les violences censée rassurer les électeurs mais qui les piègent eux-mêmes.

À force d’élaborer des déclarations…

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Auteur: Christian Mouhanna, Chercheur au CNRS, directeur du Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (CESDIP), Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ) – Université Paris-Saclay