Les opposants au projet de poubelle nucléaire se mobilisent contre l'enquête publique

Gondrecourt-le-Château (Meuse), reportage

« Merci de nous avoir permis cet échange… C’est fort regrettable, mais la réunion est suspendue… » Le chahut a duré dix-huit longues minutes, à coups de sifflets, de bruits de chaises et d’applaudissements forcés. L’animateur au micro a bien tenté de raisonner une partie du public, mais rien n’y a fait, à part décupler le brouhaha joyeux qui était partagé par une majorité du public. La suspension sera définitive : la seule réunion publique organisée dans la Meuse, le 17 septembre, dans le cadre de la procédure de déclaration d’utilité publique (DUP) du projet d’enfouissement des déchets radioactifs Cigéo, s’est terminée sans aucun débat. Les cinq commissaires-enquêteurs, qui sont restés prostrés sagement pendant ce quart d’heure de sabotage sonore, ont quitté la salle polyvalente de Gondrecourt-le-Château, exfiltrés discrètement par une sortie de secours, sans avoir pu dire un mot. Une rangée de gendarmes mobiles, particulièrement mobilisés dans la région depuis des années, ont alors remplacé les officiels au fond de la salle jusqu’à ce que le public en sorte moins d’une heure après le début du vacarme.

Fin de séance.- © Joël Auster/Reporterre

C’était prévisible. Le chahut avait même été annoncé. Les opposantes et opposants à ce vaste chantier, sur lequel repose l’avenir et une grande partie de la crédibilité de l’industrie nucléaire, ont simplement mis leurs plans à exécution : boycotter ou perturber les étapes de ce marathon de la « démocratie participative », qui doit se dérouler dans six communes de Meuse et de Haute-Marne, lors de 24 permanences, jusqu’au 23 octobre.

« Le débat sur Cigéo n’a jamais été possible, ni hier, ni cet après-midi, ni demain » 

Ouverture de la séance, avant que le chahut n’éclate.- © Joel Auster/Reporterre

Ce type de « débat public », les associations locales ont pris l’habitude de s’en méfier. Un premier avait été organisé en 2005, avant qu’une loi votée l’année suivante ne douche leurs espoirs. Puis un second, en 2013, avait été boycotté et perturbé au point que la plupart des réunions prévues avaient été annulées ou réalisées, tant bien que mal, à distance sur internet. « Cet après-midi, oui ça m’a rappelé 2013 », explique à Reporterre Régine Milarakis, de l’association Mirabelle, membre du collectif Stop Cigéo, rencontrée dans la salle de Gondrecourt en plein chahut. « La concertation a été une mascarade…

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Auteur: Reporterre