Les orques des « Anneaux de pouvoir » trahissent-ils Tolkien ?

Une mère orque inquiète dans la deuxième saison des « Anneaux de pouvoir » (Amazon).

Le Seigneur des anneaux de J. R. R. Tolkien n’est pas seulement une trilogie littéraire, c’est la dernière saga épique de l’Occident. La manière dont on l’interprète est plus importante que les débats autour de sa mythologie et des règles de son univers (même s’ils sont vraiment amusants !). Comme pour tous les contes épiques, l’interprétation est en relation avec la façon dont une société se représente et perçoit le monde.

Depuis sa publication, en 1954, Le Seigneur des anneaux a été décrit comme l’histoire épique mais assez simpliste d’une confrontation entre les forces du bien et du mal. La légende du « courageux petit héros du coin » qui bat « le méchant étranger venu d’ailleurs » nous est familière. C’est aussi une manière simple d’organiser le monde : Fondcombe, c’est les gentils, les orques, c’est les méchants.

Lire aussi Evelyne Pieiller, « Le monde rêvé des Hobbits », Le Monde diplomatique, juin 2020.

Cette caractérisation des personnages a malheureusement rendu la trilogie populaire parmi les fascistes et les cercles profascistes. En 1938, l’éditeur allemand Rütten & Loening avait fait une tentative remarquée (et ratée, grâce à Tolkien lui-même) de récupération des droits de Bilbo le hobbit en tant qu’œuvre d’un auteur de « descendance aryenne ». De la même façon, la première ministre italienne Georgia Meloni (qui refuse de se distancer de son passé post-fasciste) considère ces livres comme « des textes sacrés » dont elle se sert pour « raconter son histoire, celle d’une lutte existentielle entre les forces de la tradition et de la modernité, dans des termes socialement acceptables ».

Cette version simplifiée de l’œuvre est fausse. Le monde du Seigneur des anneaux peut parfois être manichéen aux yeux des…

La suite est à lire sur: blog.mondediplo.net
Auteur: Alonso Gurmendi Dunkelberg