Les panneaux jaunes se lisent mieux en rouge, vert et bleu

Christophe, lors de la manifestation contre le pass sanitaire du 14 juillet 2021 à Montpellier (crédits photos : Virginie Oulhen)

Présent à toutes les manifs, Christophe est remarqué de tous : chaque fois renouvelés, patiemment améliorés, ses panneaux faits main font mouche dans tous les regards.

Article publié dans le numéro 34 du Poing, imprimé en avril 2021

La pire façon d’en parler serait de dire que Christophe a forgé une marque ; tel un sinistre opérateur en marketing. N’empêche. En deux années de mouvement social, Christophe a popularisé un style de panneau revendicatif que tous les manifestants ont fini par remarquer entre tous. Ils sont faits main, et chaque fois renouvelés. Christophe se dit « philo-pratiquant ». Par là, entendons qu’il est convaincu que tout doit faire question, tout est à débattre. La philo n’est pas une discipline enfermée dans des livres. La philo est une pratique utile et stimulante au quotidien.

Les panneaux du manifestant Christophe ne sont pas tant revendicatifs. Ils ne réclament pas. Ils interpellent. Connectés à l’actualité des luttes, ils transmettent des messages, des réflexions, des appels au sursaut ; voire à la révolte. « Nos manifestations sont souvent des résistances contre des actes, des projets, posés par le pouvoir » explique-t‑il, en poursuivant : « d’une certaine façon, nous lui laissons fixer son agenda, et nous réagissons après. Nous lui laissons la main et nous avons un temps de retard. Dans mes panneaux, je tente de renverser cette logique, de gagner de l’avance sur l’avenir, en élargissant les questions qui se posent ».

Christophe est convaincu de l’importance radicale de l’expression, le partage des idées, le débat entre tous. On ne l’imagine pas se contenter de promener une banderole ou un logo, floqués et homologués, issus d’une charte graphique standardisée, au slogan stéréotypé en fonction d’une ligne d’affiliation politique. À chaque occasion, volontiers rejoint par Isabelle sa compagne, Christophe cerne l’idée qu’il veut faire passer, cherche les meilleurs mots pour le dire.

Il faut aussi se soucier du support. Accrocher le regard, être remarqué de loin, lisible aisément, pourquoi pas attirer les objectifs des appareils photo et caméras. C’est une question de choix des mots. Mais aussi leur nombre. Leur taille. Leur couleur. Leur scansion. À vrai dire, Christophe a un prédécesseur, voire un inspirateur : le fameux Voltuan, inlassable…

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Auteur: Le Poing