Les partis pris de la « nouvelle historiographie » de la Commune de Paris

Les dates-anniversaires de la Commune de Paris sont un révélateur puissant des tendances du débat historiographique consacré à cet événement mais aussi de l’état général des courants sociaux et politiques qui se sont réclamés de son héritage. Ainsi, dans une France encore portée par le souffle de mai 68, le centenaire a été marqué l’ampleur des cortèges populaires, signe du rayonnement du mouvement ouvrier et de la gauche politique de l’époque, et, côté historiographique, par l’émergence d’une nouvelle approche, celle de « l’histoire par en bas » représentée par les travaux de Jacques Rougerie.

Le contraste est frappant avec le cent-cinquantenaire de 2021, tant par la relative discrétion de la commémoration, entièrement laissée aux soins d’associations comme « Faisons vivre la Commune » ou l’historique « Ami.e.s de la Commune de Paris », que par la tonalité des quelques travaux, essentiellement académiques, parus à cette occasion.

C’est à une approche critique de ces derniers qu’est consacré l’ouvrage d’Emmanuel Brandely Les historiens contre la Commune, paru en avril dernier aux éditions Les nuits rouges. Dans cette « nouvelle historiographie de la Commune », l’auteur distingue avant tout une volonté de normalisation de l’événement, menée au nom d’une approche supposément « scientifique » et « dégagée des lectures idéologiques ».

Celle-ci révèle pourtant rapidement ses propres partis pris. Soucieuse d’intégrer l’événement dans un récit national structuré autour du consensuel référent « républicain », cette historiographie se caractérise par une polémique systématique, tantôt ouverte, tantôt implicite, dirigée contre les « mythes » véhiculés, selon elle, par les interprétations marxistes de la Commune, à commencer par celle consignée dans les écrits de Marx lui-même.

L’extrait que nous publions développe cet…

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Auteur: redaction