Les pauvres responsables de leur sort : une mythologie qui a la vie dure

Le parcours et les travaux de Michel Husson, économiste et militant ont déjà été évoqués sur ce site[1]. Son décès prématuré à l’été 2021 creuse un vide majeur dans la réflexion et les capacités d’élaboration économiques des marxistes en France, et, au-delà, de tous ceux qui refusent la doxa néolibérale. Il était capable aussi bien, voire mieux, que les économistes mainstream d’utiliser les outils de l’économie quantitative mais  pensait simultanément que la maitrise de l’histoire économique et sociale était indispensable à la compréhension des évolutions passées et présentes de notre monde.

Dans ce livre posthume, ce « portait du pauvre en habit de vaurien », apparait surtout ce second volet, celui de l’économiste qui mobilise une vaste culture pour démasquer les discours mystificateurs sur la pauvreté et le chômage. Nombre d’économistes néolibéraux continuent en effet de prétendre, explicitement ou à mots feutrés, que les pauvres – ou les chômeurs – sont responsables de leur sort et qu’ils constituent une charge indue pour le corps social. Décrypter ces modes de légitimation de l’ordre social est sans doute une condition nécessaire à l’émancipation sociale. C’est ce qui a été tenté dans cet ouvrage.

Michel Husson, Portait du pauvre en habit de vaurien, Editions Page2/Syllepse.

Dans  l’introduction de son livre, Michel Husson en résume ainsi le fil directeur : « comment une société peut-elle tolérer de mettre à l’écart une proportion de «surnuméraires» ? » et il rappelle quelques lignes plus loin le témoignage d’un chômeur  « qui avait le sentiment que la société lui adressait ce message: «Je n’ai pas besoin de toi», bref qu’il était «inutile au monde».

 « Inutiles aux monde », était en fait une expression employée dès le 14e siècle pour désigner gueux et vagabonds. Elle donne son sur-titre au livre de l’historien polonais…

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Auteur: redaction