Les penseurs du vivant, Lordon, et la question de la technique

Il y a quelques semaines, Frédéric Lordon écrivait « Pleurnicher le vivant », une critique aussi drôle que caricaturale des « penseurs du vivant » (faisant ainsi référence à une série d’article parue dans Le Monde l’été dernier) : s’opposant à l’écologie qui prônerait le rapprochement avec le vivant, il se rapportait au bon vieux marxisme simplifié, dans lequel c’est le capital et le capitalisme qui doivent attirer l’attention et être les cibles de la critique. Aussi désuet que puisse être le néo-léninisme de Lordon, le latourisme de gauche auquel il s’attaque pose néanmoins de vrais problèmes. Dans cet article, on trouvera un prolongement plus subtil de la critique lordonienne avec l’idée que l’impensé, dans la vogue actuelle du vivant, se loge peut-être dans le problème de la technique.

Le dernier billet de Lordon propose une critique des « penseurs du vivant » mordante et pleine d’ironie, conformément à son style.

Certaines personnes ont pu se sentir blessées par ce ton sarcastique, et y ont vu le signe d’un intellectualisme narcissique plus intéressé à se payer de mots qu’à faire avancer les choses.

D’autres ont reproché à Lordon d’effectuer une énième reductio ad capitalisum, faisant du capitalisme la cause ultime et unique de la catastrophe écologique.

On peut aussi regretter le fait que Lordon se soit saisi telle quelle de cette catégorie des « penseurs du vivant », comme si elle était effectivement représentative d’un courant de pensée homogène. Une critique de cette catégorie donnerait certainement à voir de profondes divergences d’analyses et d’orientations politiques entre celles et ceux qu’elle est censée regrouper.

L’argument principal de Lordon consiste à souligner que les analyses des causes de nos maux contemporains par les « penseurs du vivant » évitent d’aborder le sujet du capitalisme, sujet qui devrait selon lui constituer le centre de toute analyse. Il suggère que la réception favorable que ce courant de pensée connaît auprès de la « bourgeoisie culturelle » – qui a bien souvent quelque relation intéressée, de près ou de loin, avec le capitalisme – n’est pas étrangère à cette omission.

L’objet n’est pas ici de défendre le texte de Lordon, et de venir encore enfoncer le clou. Cependant, nous partageons avec lui le constat que le diagnostic des « penseurs du vivant » sur les causes de la catastrophe écologique en cours passe à côté de quelque chose.

Mais au lieu de mettre le capitalisme…

La suite est à lire sur: lundi.am
Auteur: lundimatin