Les pesticides sont toxiques même en faible quantité

Paule Bénit, ingénieure de recherche à l’Inserm, et Pierre Rustin, directeur de recherche au CNRS, sont spécialistes des maladies mitochondriales.


Dans les pays dits développés, les usages de pesticides sont censés être précédés de recommandations établies par les autorités sanitaires, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) au niveau européen et l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) en France, après les autorisations de mise sur le marché, les fameuses AMM. Si étonnant que cela puisse paraître, ces AMM sont établies pour l’essentiel sur la base de données produites par les industriels.

À partir de ces études aux résultats en général non publiés (et souvent accessibles seulement en partie, à la différence des travaux scientifiques), une dose journalière autorisée (la DJA, exprimée en mg/kg/jour) est calculée, supposée garantir une absence de risque pour la santé tout au long d’une vie humaine.

Cette situation est extrêmement problématique, pour trois raisons.

  • Parce que, s’il est possible de démontrer la toxicité d’un pesticide en laboratoire ou en extérieur, il est en réalité quasi impossible de garantir son innocuité, même testé seul, même à petite dose, pour tous les organismes vivants qui y seront exposés et en toute situation.
  • Parce que, à côté de l’exemple des néonicotinoïdes, le cas d’école des pesticides SDHI nous montre qu’il existe des mécanismes cellulaires qui expliquent très bien pourquoi la présence de pesticides même à très petites doses, inférieures aux normes réglementaires européennes, peut être toxique sur le long terme.
  • Parce que, dans la réalité, nous n’avons jamais affaire à un seul pesticide mais, de façon simultanée, à des dizaines, voire à des centaines, et cela dans des conditions extrêmement variables qui ne peuvent être simulées en laboratoire.

Par ailleurs, seule est considérée la toxicité directe pour l’Homme. En adoptant cette vision ethnocentrée, on fait semblant d’ignorer que la santé de la biosphère, c’est aussi celle de l’humanité. Les éventuels effets sur la biodiversité, qui ne sont qu’exceptionnellement évoqués dans ces études industrielles, ne sont toujours vus que comme des effets secondaires de peu d’importance.

Les pesticides restent toxiques, même en faibles quantités

L’échec de cette procédure, non scientifique mais « réglementaire », adoptée par nos agences de « sécurité », est…

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Auteur: Reporterre