Distribution de nourriture par les Restos du cœur, à Saint-Lô en novembre 2018. Photo Charly Triballeau. AFP

Les plus pauvres décrochent à toute vitesse

Le Secours catholique sort, à partir de son expérience de terrain, son état des lieux annuel de la pauvreté en France.

1 347 500. C’est le nombre de personnes qui ont poussé la porte du Secours catholique l’année dernière.

Rendu public ce jeudi, un rapport de l’organisation caritative propose une photographie de la précarité, en France en 2018, telle que ces personnes l’ont vécue au quotidien.

«Ce qui nous a paru frappant, c’est que le niveau de revenu médian des personnes qu’on rencontre est extrêmement bas et très en deçà du seuil d’extrême pauvreté, qui est à 700 euros», observe Jean Merckaert, directeur de l’action et du plaidoyer France-Europe au Secours catholique, contacté par Libération.

Avec un niveau de vie médian de 535 euros par mois en 2018, les personnes reçues par l’association se situent largement sous le seuil de pauvreté (1 041 euros mensuels) et du niveau de vie médian de l’ensemble de la population (1 735 euros par mois).

Jean Merckaert : «Aujourd’hui, on n’arrive pas à vivre en France avec 500 euros par mois, on survit. On ne peut pas demander aux gens d’être assez sereins pour penser à leur avenir et chercher un emploi dans ces conditions. On estime qu’à moins de 850 euros par mois, ce n’est pas possible.

Les 1 % les plus riches s’en sont plutôt bien tirés avec la réforme de l’ISF, les classes moyennes avec celles de la prime d’activité et de la taxe d’habitation, mais les plus pauvres décrochent à toute vitesse. C’est terrifiant.»

Les femmes particulièrement touchées

En cause notamment, le chômage peu ou pas indemnisé, surtout chez les moins de 25 ans, l’interdiction de travailler légalement pour les personnes en situation irrégulière – «2 personnes sur 3 que l’on reçoit ont entre 25 et 50 ans, elles sont dans la force de l’âge et ne demandent qu’à contribuer à la société», souligne Merckaert –, les emplois précaires, et le non-recours aux prestations sociales. Le non-recours aux allocations familiales est ainsi passé à 28,6 % des personnes reçues au Secours catholique, contre 20 % en 2010. «On est nous-mêmes surpris par ça, on n’a pas encore réussi à comprendre pourquoi.

L’hypothèse est que les gens sont tellement abîmés par la vie qu’ils préfèrent renoncer à leurs droits plutôt que de faire une démarche qui leur semble humiliante», avance le responsable associatif.

Quant au chômage, il est «de plus en plus de longue durée [il dure 3,1 ans en moyenne pour les personnes reçues au Secours catholique, soit une hausse de dix mois par rapport à 2010, ndlr] et ça finit par un basculement vers l’inactivité…

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Photo d’illustration: Distribution de nourriture par les Restos du cœur, à Saint-Lô en novembre 2018. Photo Charly Triballeau. AFP