Les plus vieux maraîchers de la côte basque luttent contre la destruction du dernier poumon vert d’Anglet

À la fin de l’hiver, en partant faire son footing, Mahaut Fanchini a aperçu un premier panneau devant la forêt de Juzan, à Anglet. Une petite pancarte « avec des fautes d’orthographe » signalant une enquête publique de la Communauté d’agglomération du Pays basque (CAPB) au sujet de la future zone d’aménagement Arkinova dédiée à l’écoconstruction.

Quelques semaines plus tôt, elle avait déjà vu un bout de parcelle défriché par des tracteurs. Il se trouve qu’elle habite juste en face du sous-bois et ignorait jusqu’ici l’existence du projet. De surcroît, elle est universitaire, docteure en sciences de gestion (UPEC), spécialiste des lanceurs d’alerte. On ne pouvait rêver plus vigilante riveraine.

Elle s’est renseignée et a lancé une pétition fin mars, avec d’autres associations locales, pour tenter de sauver cette forêt, parfois surnommée le « poumon » d’Anglet : une vingtaine d’hectares, où nichent une soixante d’espèces animales, efficace rempart contre la pollution sonore de l’aéroport Biarritz-Parme. Plus de 5000 personnes ont déjà signé le texte, redoutant de voir les bulldozers bétonner l’un des derniers espaces naturels préservés de la ville.

Le sujet est particulièrement sensible : en 2020, un incendie a ravagé 75 hectares de la forêt du Pignada et les habitants mesurent mieux aujourd’hui l’ampleur des répercussions environnementales de l’artificialisation des sols à outrance.

Le maire d’Anglet, Claude Olive, a lui-même indiqué dans Sud-Ouest, qu’au regard de la Loi climat et résilience de 2021, le projet n’était « pas acceptable » en l’état et qu’il faudrait retravailler la copie. Un minimum.

Si de nombreux Basques ont découvert ce projet de construction début avril avec la mobilisation citoyenne, il y en a un qui suit — ou plutôt subit — cette histoire depuis longtemps : Paul-Guy Dulau, 92 ans, vit au cœur de cette forêt de Juzan, où il possède six hectares de terres agricoles.

Cela fait plus de trente ans que la mairie cherche à l’exproprier par tous les moyens pour raser ses plantations.

Paul-Guy et sa femme Mauricette sont la mémoire des lieux. Les derniers maraîchers d’Anglet en activité, avec les sœurs des Jardins du Refuge. Et les doyens du marché de Bayonne où ils vendent leurs légumes chaque samedi. À la fois gardiens de la forêt et figures discrètes, dédiées à la terre, incarnant comme peu d’autres le sacerdoce paysan.

« Ils ne sont jamais partis en vacances de leur vie, raconte leur…

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Auteur: Erwan Desplanques