Les ponts, ça ose tout ! — Edmond Dantès

Bon dieu, mais qu’attend-elle ?

Gérald Bronner, président et homme-torche de cet aréopage luminescent, a pourtant donné la mesure de l’urgence. Pour lui, Internet et les réseaux abritent un « marché cognitif dérégulé » (en français : un marché de l’information non filtrée par les experts). Certes, nous savions que des cerveaux fragiles étaient près à gober n’importe quoi. Mais, nous explique l’excellent Gérald, avec le numérique, ce sont désormais des légions de zombies décérébrés qui piétinent avec enthousiasme les plates-bandes du cercle de la raison. QAnon, illuminatis, anti-vax, anti-tout, sectes spermatiques, satanistes, etc. : c’est une gigantesque déferlante, un monstre informe qui va inéluctablement nous dévorer. On ne s’étonnera donc pas que les algorithmes des Gafam soient débordés. Il faut les aider, c’est une priorité absolue. Pour l’économie en ruine et la société en haillons, on verra après. On a d’abord une guerre à gagner, et ça ne va pas être de la tarte. On voit par là que l’ami Gérald est un grand Résistant. Il ne craint pas de se retrouver du mauvais côté du manche. Quand vous n’avez comme alliés que les troupes décharnées des Gafam et celles des frêles États, vous ne pouvez avoir aucune certitude. Le résultat sera incertain, c’est une guerre asymétrique.

Sur le plan théorique, j’aime bien l’idée de Gérald d’un « marché cognitif ». Bêtement, j’ignorais que la cognition était un marché mais Gégé, lui, sait, et il faut accepter de s’en remettre aux pros. Je n’ai pas encore lu son opus majeur, La démocratie des crédules, mais il est évident qu’il a dû enfoncer à cent mètres sous terre Platon et son allégorie de la Caverne. D’après ce que je comprends de sa thèse, les choses se présentent ainsi. Aimanté par la puissance numérique, le magma de débiles légers qui menacent le monde est composé de gens qui ignorent tout des biais et de l’auto-enfermement cognitifs. Des brêles, quoi. Mais nombreuses. En fait, innombrables. Ça craint.

Ainsi va le progressisme et son infaillibilité morale vêtue de probité candide et de lin blanc. Et c’est bien. Personnellement, je trouve que les progressistes n’ont pas tiré tout le potentiel de leur robuste doctrine. D’après moi, ce qui en découle naturellement, c’est une démocratie censitaire où seuls les bien-pensants auraient voix au chapitre. Ah ? On me dit que c’est en cours ? Mais alors qu’ils se dépêchent ! Continuer à nous accorder le droit de vote,…

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Auteur: Edmond Dantès Le grand soir