Les présentateurs météo, porte-voix du bouleversement climatique

Paris (Île-de-France), reportage

La caméra tourne, les projecteurs éclairent le plateau de mille feux. Habillée d’une combinaison blanche, devant un fond vert, Chloé Nabédian se meut avec aisance. La présentatrice vedette de France 2 évoque le risque d’avalanche « devenu assez fort sur les Alpes du nord à cause des températures qui s’adoucissent » ; les 23 °C attendus « dans l’arrière-pays autour du Roussillon et en remontant vers le Gard », situation « assez exceptionnelle » pour un mois de février ; et annonce « une dépression explosive pour la fin de semaine ». Elle termine son programme par une vidéo de chevaux piégés par des incendies au Texas (États-Unis), « déclenchés alors que les sols sont extrêmement secs, beaucoup trop tôt dans la saison ». Le tout sans l’aide d’un prompteur. « De tête », s’amuse-t-elle devant notre mine surprise. « Coupez, c’est parfait Chloé », conclut un technicien.

À 36 ans, Chloé Nabédian, l’autrice du livre La météo devient-elle folle ? (éd. du Rocher, 2019), fait partie d’une génération « qui a grandi en ne pouvant plus ignorer les effets du changement climatique, et qui les voit s’accélérer », dit-elle. Mais quel que soit leur âge, les présentatrices et présentateurs sont de plus en plus nombreux à avoir développé une sensibilité écologique et à la partager dans leurs bulletins météo.

« Le changement climatique s’est fait une place au plus intime de nos vies », dit Chloé Nabédian. © Mathieu Génon/Reporterre

C’est le cas de Kévin Floury, 28 ans, journaliste-présentateur météo à BFM TV. « Pour les vœux de 2022, j’ai souhaité à tout le monde que cette année météorologique soit la plus proche possible des normales de saison », se souvient-il. Au lendemain du Nouvel An, il venait en effet de dérouler une météo d’une douceur exceptionnelle, avec de multiples « records de température battus, et pas que dans le Sud, également en Normandie avec quasiment 17 °C sur la plage de Deauville ». Régulièrement envoyé spécial pour donner à voir aux téléspectateurs les inondations, les orages ou les incendies, il constate avec inquiétude que « les épisodes de froid se raréfient par rapport aux épisodes de chaleur, ce qui assèche les sols… Il n’y a aucune raison que ça change, c’est affolant, dit-il. J’ai peur qu’on s’y habitue. »

Longtemps réservés sur le lien entre météo et climat, les présentateurs ont vécu les tempêtes de 1999 comme « un…

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Auteur: Alexandre-Reza Kokabi (Reporterre) Reporterre