Les puissants ont fait des vaccins anti-Covid un enjeu géopolitique

Éliane Mandine est biologiste, retraitée de Sanofi et militante au sein du collectif Médicament, un bien commun.


Les vaccins anti-Covid-19 sont devenus un enjeu crucial pour les grandes puissances, qui, au travers de leurs multinationales, affirment leur hégémonie économique. Cette stratégie se cache derrière des concepts ambigus, tels que le « bien public mondial » (BPM) ou la prétendue solidarité du mécanisme Covax, mais reste ferme sur l’application des droits de propriété intellectuelle (PI), élément essentiel de contrôle du marché. Elle se traduit dans les faits par un soutien financier massif aux multinationales du médicament. Révélant, en pleine crise sanitaire mondiale, le triomphe sans partage du néolibéralisme, avec les États qui se posent en soutien des marchés.

L’entourloupe du « bien public mondial »

Lorsque le 18 mai 2020, à l’assemblée annuelle de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), plusieurs chefs d’État, dont Xi Jinping et Emmanuel Macron, déclarent que le vaccin contre le Covid-19 devra être un « bien public mondial », ce n’est pas pour répondre aux demandes internationales de mettre le traitement ou le vaccin anti-Covid à la disposition rapide, et gratuite, de tous.

Pour le président chinois, Xi Jinping, l’accessibilité des vaccins devient au contraire une formidable occasion de conclure des accords bilatéraux forts avantageux. Exemple : au Chili, par le biais de partenariats public-privé, la firme chinoise Sinovac a réalisé ses essais cliniques pour son vaccin CoronaVac. En échange, le Chili a pu recevoir en priorité des millions de doses, avec un rabais de 25 %. Mais, surtout, la Chine peut continuer à avoir accès au cuivre dont le Chili est le premier producteur mondial. Dotée de capacités de production énormes, la Chine peut ainsi fournir son vaccin à de nombreux pays en développement, l’Indonésie, la Birmanie, le Maroc ou les Émirats arabes, pour consolider ou ouvrir des « routes de la soie ».

Pour le président Macron, le souci d’un vaccin accessible partout ne signifie ni gratuité, ni transfert de technologies, ni remise en question de la logique propriétaire des brevets, mais la prise en compte évidente que, pour bloquer la pandémie, les moyens de production doivent être amplifiés pour que le vaccin soit déployé sur la planète entière. Les puissances publiques se doivent donc d’intervenir pour éviter une défaillance du marché. Le vaccin anti-Covid édifié « bien public mondial » n’est qu’une justification…

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Auteur: Reporterre