Les raies et les requins durement frappés par la dernière extinction de masse il y a 66 millions d’années

La dernière extinction de masse qui a frappé l’évolution de la vie a eu lieu il y a 66 millions d’années (Ma), marquant la limite Crétacé/Paléogène. Si cette crise biologique est connue pour avoir provoqué des extinctions dramatiques au niveau global et anéanti de grands groupes de vertébrés comme les dinosaures, les conséquences de cette extinction sur la biodiversité marine font encore l’objet d’intenses débats. Nous venons de publier une étude dans la revue Science s’intéressant à l’impact de cette crise sur la diversité des élasmobranches (requins et raies), un groupe majeur de vertébrés marins ayant traversé cette extinction de masse. Nos travaux indiquent que cette crise a été brutale et qu’elle a frappé les élasmobranches de façon hétérogène, tant au niveau des groupes touchés que de la distribution géographique des espèces.

Les estimations précédentes suggèrent que cette crise aurait éradiqué plus de 40 % des genres et 55 à 76 % des espèces. Cependant, un nombre croissant de données indique que l’ampleur de cet événement aurait varié selon les groupes, les écologies (ex. régimes alimentaires, modes de vie), et les zones géographiques.

Toutefois, les estimations globales de la perte de diversité à cette période ont été principalement extrapolées à partir de données concernant des groupes d’invertébrés marins qui ne peuvent pas refléter à eux seuls la complexité des modalités d’extinction lors de cette crise. Les vertébrés marins, en raison de leur position plus élevée dans la chaîne alimentaire, pourraient donc fournir de nouvelles informations sur cette extinction et sur la récupération post-extinction des faunes. Encore faut-il que ces groupes aient survécu !

Parmi ces vertébrés marins, les élasmobranches sont un groupe emblématique de prédateurs qui représentaient déjà une composante importante des écosystèmes marins au Crétacé et avaient développé un large éventail d’écologies. Appartenant à la classe des poissons cartilagineux (chondrichthyens), ces organismes sont dotés d’un squelette qui se fossilise rarement. Cependant, ils sont représentés par un registre fossile abondant, majoritairement composé de dents qu’ils perdent et remplacent tout au long de leur vie et dont la morphologie permet d’identifier les espèces. Ainsi, par la qualité de leur registre fossile, leur présence avant et après l’évènement…

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Auteur: Guillaume Guinot, Paléontologue, Université de Montpellier