Les rats de l'imaginaire

Dans ce texte « dédié à Giovanna et à tous ceux qui subissent mais résistent encore », nos amis de Carmilla, revue en ligne de « littérature, imaginaire et culture d’opposition » reviennent sur un événement passé largement inaperçu des deux côtés des Alpes mais qui signe une extravagante et dangereuse avancée de la police de la pensée dans les sociétés occidentales : la persécution policière et judiciaire d’un auteur turinois au nom de sa dangerosité supposée à partir des propos d’un personnage de roman.

L’offensive contre la liberté des imaginaires est en train de passer à un stade post-orwellien avec, à l’avant-garde, cette magistrature tant idolâtrée par la post-gauche italienne. Cette espèce d’externalisation de la prison, de matrice fasciste, dénommée « surveillance spéciale », qui s’est abattue sur Marco Boba après des anciens combattants du Rojava et divers activistes, ne saurait tarder à arriver en France, perfectionnant ainsi la très ancienne mesure d’assignation à résidence et les différentes interdictions judiciaires de territoire ou de manifestations réservées au zadistes et aux gilets jaunes. La possible victoire de Le Pen (à moins que le grand antifasciste Macron ne nous en sauve en appliquant ensuite son programme à peine édulcoré) donnera à ces possibilités de très vastes champs d’application.

S.Q.

Les rats de l’imaginaire

D’abord, nous les entendions bouger dans les murs, comme les rats du célèbre récit de H.P. Lovecraft, puis ils ont commencé à courir dans les pièces de la maison et dans les rues de la ville et aujourd’hui, ils sont venus à découvert, nous révélant toute l’horreur de cette société qu’on aurait voulu garder cachée derrière les cloisons des discours démocratiques, progressistes et verts, multipliés et reproposés à l’infini par les médias.

Ils se sont présentés ainsi, à visage découvert, avec l’excuse de la pandémie et des mesures d’urgence, avec les Dpcm [décrets émanant directement du premier ministre, sans passer par le conseil des ministres, qui facilitent la mise entre parenthèse des droits constitutionnels au nom de la lutte contre le covid – NdT], avec les lacrymogènes à tir tendu dans le visage de celles et ceux qui s’opposent à leurs inutiles projets dévastateurs, avec la criminalisation des travailleurs en lutte, avec la distribution d’années de réclusion ou de surveillance spéciale à qui s’obstine dans la bataille contre les misères de l’existant et, pour finir…

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Auteur: lundimatin