Les ravages ignorés de l'activité minière

C’est un état des lieux saisissant. Dans un rapport volumineux ultradocumenté publié ce 16 novembre, les géologues miniers et les ingénieurs de l’association SystExt s’attaquent à certains aspects méconnus de l’extraction minière. Ce panorama des « controverses minières » permet de comprendre pourquoi cette industrie cumule le triste record d’être la première productrice de déchets toxiques et la responsable du plus grand nombre de conflits socioenvironnementaux à l’échelle du globe. Il montre aussi qu’on ne pourra pas lutter contre le réchauffement climatique par des technologies qui accroissent notre « dépendance minérale ». Impacts des mines, pollution, pertes en vies humaines… Aurore Stephant, ingénieure géologue minier au sein de SystExt, révèle les conclusions de ce rapport.


Reporterre — Dans le rapport « Controverses minières » qui sort mardi 16 novembre, quelles « contre-vérités » sur les mines révélez-vous ?

Aurore Stephant — Lors du dernier congrès de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), qui a réuni des États et des agences gouvernementales du monde entier, nos équipes ont constaté une chose étonnante : certains représentants des gouvernements croyaient qu’aucun site minier ne rejetait aujourd’hui ses déchets directement dans les fleuves ou la mer. Ils pensaient cette pratique révolue ou interdite. Pour eux, les résidus miniers sont systématiquement stockés dans des barrages, des digues — qui posent elles-mêmes de gros problèmes, mais passons. Or, non seulement cette pratique aux conséquences dramatiques existe bel et bien, mais elle est répandue et tout à fait légale ! Des dizaines d’opérateurs jugent plus simple de bazarder chaque année en pleine nature des millions de tonnes de boues acides et/ou fortement concentrées en métaux toxiques. Sur le site de Grasberg, en Indonésie (première mine d’or et troisième mine de cuivre au monde, en volumes produits), l’entreprise Freeport déverse chaque année 87,6 millions de tonnes de résidus chargés en plomb et en arsenic dans le fleuve Ajkwa.

Sites miniers concernés par des déversements volontaires en milieux aquatiques identifiés par SystExt et volumes de déchets déversés annuellement. Rapport SystExt/octobre 2021/CC BY-SA-NC 3.0

Nous nous attaquons à d’autres idées reçues : la croyance que les impacts de l’industrie minière seraient bien plus importants dans les pays en voie de développement que dans les pays développés. On pense que…

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Auteur: Celia Izoard Reporterre